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L'UE condamne l'escalade de violence en Ukraine et menace Moscou

BRUXELLES/KIEV (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne ont demandé mardi à leurs ministres des Affaires étrangères d'envisager de nouvelles sanctions contre Moscou en réponse à l'intensification des combats en Ukraine. Les ministres se réuniront en conseil extraordinaire jeudi à Bruxelles, près d'une semaine après la mort de 30 civils, samedi, dans un bombardement à Marioupol, une ville située sur la mer d'Azov, entre la Crimée et la frontière russe. Selon des sources diplomatiques, les chefs de la diplomatie des Vingt-Huit enjoindront à la Commission européenne de préparer de nouvelles mesures de rétorsion contre Moscou mais la décision de les imposer incombera aux chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet le 12 février à Bruxelles. On ignore encore quel type de mesure pourrait être mis en oeuvre mais selon un diplomate, aucune sanction économique majeure n'est attendue à ce stade. Plusieurs pays membres comme la Pologne ou la Lituanie militent en faveur d'un durcissement, mais la plupart se montrent plus prudents. Dans une rare déclaration commune, les dirigeants de l'UE ont toutefois dit leur inquiétude face à l'aggravation de la situation sur le terrain et relever des preuves d'un "soutien persistant et croissant donné par la Russie aux séparatistes, qui met en évidence la responsabilité de la Russie". Dans le même temps, le parlement de Kiev a voté une déclaration définissant la Russie comme "Etat agresseur" et les "républiques populaires" autoproclamées par les séparatistes à Donetsk et Louhansk comme des "organisations terroristes". NEUF SOLDATS TUÉS en 24 HEURES L'Union européenne exige de la Russie qu'elle condamne les actions des rebelles et qu'elle applique le protocole de Minsk, signé le 5 septembrepar des représentants de Kiev, des séparatistes, de Moscou et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). "Nous demandons au prochain Conseil des Affaires étrangères d'évaluer la situation et d'envisager toute action appropriée, en particulier de nouvelles mesures restrictives, pour obtenir une mise en oeuvre rapide et complète des accords de Minsk", peut-on lire dans le texte des chefs d'Etat et de gouvernement. Le protocole de Minsk définit douze mesures à appliquer pour sortir du conflit dans l'est de l'Ukraine, qui a fait plus de 5.000 morts depuis avril dernier selon les Nations unies. Les affrontements en cours en Ukraine sont les plus étendus depuis la signature du protocole, dont le premier point est un cessez-le-feu, en particulier dans le secteur de Debaltseve, une ville située au nord-est du bastion rebelle de Donetsk. Selon l'armée ukrainienne, neuf soldats ont été tués et 29 autres blessés au cours des dernières 24 heures et 120 attaques ont été menées par les rebelles contre des positions gouvernementales dans l'Est. Les oblasts de Donetsk et Louhansk, qui forment la région du Donbass, représentent près de 10% du territoire de l'Ukraine, si l'on exclut la péninsule de Crimée annexée en mars par la Crimée. Les rebelles contrôlent environ la moitié de cette région, dont les deux capitales régionales où ils ont proclamé leurs républiques populaires. Depuis la trêve, de nombreux accrochages ont été signalés sur la ligne de front, mais la semaine dernière, les séparatistes ont annoncé qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de lancer une offensive d'envergure avec pour principal objectif de repousser les forces gouvernementales qui bombardent les villes sous leur contrôle. Les séparatistes cherchent notamment à encercler Debaltseve, ville qui comptait 46.000 habitants avant la guerre et est située dans une langue de territoire sous contrôle de Kiev empiétant sur les territoires rebelles. (Jan Strupczewski et Adrian Croft à Bruxelles, Pavel Polityuk et Natalia Zinets à Kiev, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)