Lucie Castets: après deux semaines d'impasse, le NFP trouve sa candidate pour le poste de Première ministre
Après l'accord éclair et les tractations sans fin: la résolution in extremis. Le Nouveau Front populaire a désigné, ce mardi 23 juillet à 19 heures, sa candidate pour briguer Matignon.
Après de longues et douloureuses tractations, la gauche s'est accordée sur le nom de Lucie Castets, une haute fonctionnaire engagée pour la défense des services publics.
La gauche est, dès le départ, partie très fort. En seulement trois jours, les dirigeants des quatre plus grandes formations à gauche ont réussi à s'accorder pour la création d'un Nouveau Front populaire, suivant de près l'annonce fracassante d'une dissolution de l'Assemblée nationale. L'objectif principal: "combattre le projet raciste de l'extrême droite" après sa large victoire aux élections européennes.
Première surprise: la coalition est arrivée en tête du second tour des législatives et obtenu 182 députés, soit le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée le 7 juillet au soir. Pourtant, un autre obstacle s'est presque aussi vite dressé devant les dirigeants de La France insoumise, du Parti socialiste, des Écologistes et du Parti communiste français.
Accord éclair et bal des prétendantes rejetées
Après la victoire est arrivé le réveil difficile. Qui peut porter le programme de ces quatre partis unis mais divisés jusqu'à Matignon? Pendant deux semaines, la réponse à cette question pressante s'est longtemps faite attendre, illustrant des fissures au sein de la gauche.
Après une première interminable semaine de tractations infructueuses, un premier nom a finalement été lâché par le journal L'Humanité: Huguette Bello, cinq fois députée et présidente de la Région Réunion depuis 2021. Une hypothèse portée par les communistes puis soutenue par les insoumis mais pas par les socialistes, comme elle l'a elle-même relevé.
Dans un communiqué partagé le 14 juillet, Huguette Bello a annoncé "prendre acte" du fait que sa candidature "ne fait pas l'objet d'un consensus entre toutes les composantes du Nouveau Front populaire, et notamment qu'elle n'est pas soutenue par le Parti socialiste". Ainsi, par "esprit de responsabilité", celle-ci a préféré "décline(r) l'offre" de candidate au poste de Première ministre du NFP.
Mais le Parti socialiste n'est pas le seul à avoir fait capoter une candidature. Lundi 22 juillet, c'est Laurence Tubiana, une économiste et diplomate du climat émérite, qui a pris acte des "oppositions" autour de sa candidature.
"Tout cela ne me semble plus mener à l'apaisement dont nous avons tant besoin", a-t-elle estimé.
Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise, avait jugé cette proposition des socialistes "pas sérieuse". Le parti a qualifié Laurence Tubiana de trop "Macron-compatible" et a laissé entendre que les relations avec le PS étaient devenues délicates à la table des négociations.
Succès en demi-teinte au Palais Bourbon
Alors qu'il semblait une nouvelle fois que la gauche puisse pas à s'entendre, le Nouveau Front populaire a tout de même fait émerger une candidature unique pour le perchoir de l'Assemblée nationale, le communiste André Chassaigne.
La gauche n'a toutefois pas devancé la candidate d'Ensemble, Yaël Braun-Pivet, qui a été renouvelée pour cinq ans à l'issue d'un troisième tour où la majorité relative prévalait.
À défaut d'obtenir la présidence de l'hémicycle, le Nouveau Front populaire s'est enraciné dans le bureau de l'Assemblée, obtenant deux vice-présidentes et la présidence de la très stratégique Commission des finances.
"Au terme des votes la gauche est majoritaire au sein du bureau, sa plus haute instance exécutive. 12 postes sur les 22. La présidente de l’Assemblée est minoritaire", s'est félicité Olivier Faure.
Une nomination sur le fil?
L'accord autour de Lucie Castets ne clôt pas le dossier. Le NFP doit se soumettre à la volonté du président de la République, censé nommer un représentant de la majorité, alors que le NFP a obtenu le plus grand nombre de sièges sans toutefois atteindre - comme toutes les autres formations politiques - la majorité absolue.
Le chef de l'État veut observer une "trêve politique" durant les Jeux olympiques. Le gouvernement démissionnaire pourrait ainsi rester en poste jusqu'au 11 août, voire après les Paralympiques, le 8 septembre.