LR: Pradié démis par Ciotti trouve des alliés chez LFI

Réforme des retraites : Pradié (ici en novembre) trouve des alliés inattendus dans sa brouille avec Ciotti
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Réforme des retraites : Pradié (ici en novembre) trouve des alliés inattendus dans sa brouille avec Ciotti

POLITIQUE - Les ennemis d’Éric Ciotti sont les amis des Insoumis. Écarté de la direction des Républicains par le président du parti, Éric Ciotti, Aurélien Pradié trouve des alliés inattendus dans la sphère politique. Il est reproché au député du Lot, le plus rétif dans son camp à voter la réforme des retraites d’Élisabeth Borne, une « aventure personnelle » et des « prises de position répétées » qui ne sont pas conformes « avec les valeurs de cohérence, d’unité et de rassemblement qui doivent guider la droite républicaine. »

Comprendre : la surenchère du troisième homme du dernier congrès LR, sur les carrières longues notamment, a fini par exaspérer rue de Vaugirard, là où les différents chefs sont favorables au texte de l’exécutif depuis des semaines. Une position à contre-courant qui plaît beaucoup… Aux mélenchonistes.

Plusieurs députés LFI ont réagi à l’éviction de leur collègue de l’état-major des Républicains. « La droite populaire est morte. Il est des endroits où être un peu trop insoumis à l’ordre établi n’est pas toléré apparemment… », ironise par exemple Antoine Léaument sur Twitter, quand son comparse Damien Maudet renchérit : « Il n’a souhaité être ni macroniste, ni lepéniste. Alors, il vient de se faire virer du bureau national des Républicains. »

Toujours sur les réseaux sociaux, Raquel Garrido, la députée LFI de Seine-Saint-Denis juge « normal que les députés de tous bords rechignent à appliquer des consignes aussi antidémocratiques que le vote pour une loi à laquelle on ne croit pas » et estime que « la mesure disciplinaire » prise par Éric Ciotti « est d’un autre temps. »

Xavier Bertrand veut des explications

Une certaine promptitude à réagir, qui tranche avec le silence dans les rangs Les Républicains où rares sont ceux à soutenir ouvertement Aurélien Pradié depuis son éviction. Tenant de la même ligne, plus social, Xavier Bertrand se borne à demander des explications à la direction du parti sur Twitter, là encore. « La direction des Républicains avait assuré ne pas vouloir sanctionner ceux qui auraient une divergence sur la réforme des retraites. Alors, pourquoi cette décision d’éviction d’Aurélien Pradié ? », écrit-il, en prônant le « rassemblement » plutôt que le « rétrécissement. »

Dans toute la négociation sur les retraites, Aurélien Pradié a campé sur une ligne intransigeante, menaçant de ne pas voter la réforme alors même que la direction de LR semblait avoir conclu un accord avec le gouvernement. Le débat s’est cristallisé ces derniers jours sur les carrières longues, le député du Lot réclamant que personne n’ait à cotiser plus de 43 ans pour partir à taux plein.

Une position finalement reprise vendredi dans un amendement de son groupe, et même par Horizons, au point que les oppositions de gauche ont salué les prises de parole du député dans l’hémicycle. « Qu’il soit applaudi par la Nupes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », explique-t-on justement dans l’entourage d’Éric Ciotti, exaspéré aussi par les atermoiements d’Aurélien Pradié sur un amendement dont il était pourtant cosignataire. Le président du parti, qui a pris sa décision vendredi soir après avoir sondé le groupe, a annoncé sa décision à Aurélien Pradié par SMS, n’ayant pu le joindre par téléphone.

« Des convictions, ça se défend. Sans relâche », a tweeté, impavide, le député du Lot quelques minutes après l’annonce publique de sa destitution, se félicitant que « même les députés de la majorité rejoignent cette bataille » sur les 43 ans -- communiqué d’Horizons à l’appui.

Les proches du sénateur Bruno Retailleau, qui avait lui-même appelé à la destitution d’Aurélien Pradié il y a une semaine, ne cachaient pas leur satisfaction. « On ne peut pas être dedans et dehors », a affirmé à l’AFP Othman Nasrou, premier secrétaire général délégué du parti, tandis que le sénateur Stéphane le Rudulier saluait une « clarification idéologique qui réfute un pseudo travaillisme socialo-occitan ». Le député du Lot avait tout de même recueilli 22 % des voix au premier tour du Congrès LR, à l’automne dernier. Il ne sera resté numéro 2 du parti que quelques semaines.

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