« Love Factory » d’Eddy de Pretto ne ressemble à aucun autre de ses concerts

Eddy de Pretto, ici lors de son spectacle « Love Factory », en janvier 2023, à la Maison de la radio.
Eddy de Pretto, ici lors de son spectacle « Love Factory », en janvier 2023, à la Maison de la radio.

MUSIQUE - 27e minute : un homme en marcel blanc quitte son piano. Il lève les bras au ciel et hurle des mots indistincts. La voix d’une femme s’élève dans les haut-parleurs et l’urge de retourner à son poste. « Dépêchez-vous », l’exhorte-t-elle. Deux coups de feu retentissent. L’homme est à terre… Cette scène ne nous vient pas d’un nouveau Blade Runner, mais de Love Factory, une création originale sur fond de dystopie signée Eddy de Pretto et diffusée sur France 2, ce vendredi 17 mars à 22 h 30.

« Rasseyez-vous. C’est la dernière fois que je vous le dis. Retournez au travail », l’avait pourtant prévenue cette même voix autoritaire.

Conçue dans le cadre du dernier Hyper Weekend Festival, organisé à la Maison de la radio dans le courant du mois de janvier, Love Factory n’est pas un concert traditionnel. Et pour cause, comme une pièce de théâtre, ce show à part raconte une histoire.

Nous sommes en pleine Troisième Guerre mondiale. Des drones ennemis surveillent la capitale. La jeunesse est à bout de souffle. Pour remonter le moral des troupes, les autorités ont ordonné à des civils de jouer de la musique à la chaîne dans les auditoriums occupés, sortes d’usines d’un autre temps. Ces travailleurs acharnés tentent comme ils peuvent d’offrir au public le peu d’amour qu’il leur reste. Jusqu’à quand ? La révolte gronde.

C’est dans une de ces « love factory » qu’on retrouve Eddy de Pretto. À ses côtés, onze autres pianistes accompagnent le chanteur, venu interpréter sur scène plusieurs de ses tubes, comme Nu, Comme ça, Honey, La zone ou Rue de Moscou. Ils sont rejoints au milieu du spectacle par un orgue, instrument suffisamment rare en hors d’une église pour être remarqué.

The Handmaid’s Tale, Metropolis, ...

Le tout, dans une ambiance dramatique, inquiétante, mais non moins émouvante, agrémentée d’une mise en scène minimaliste. Le concert est plongé dans l’obscurité. Seuls des néons, installés au-dessus des pianistes, éclairent parfois les artistes. « Je ne suis pas du genre à être niais, à laisser l’amour dégueuler. La tendresse du piano et des chansons d’amour équilibre la scénographie martiale du spectacle », explique Eddy de Pretto dans une interview accordée au magazine Vanity Fair.

Eddy de Pretto s’est accompagné d’onze pianistes pour « Love Factory ».
Eddy de Pretto s’est accompagné d’onze pianistes pour « Love Factory ».

L’idée lui serait venue après avoir dévoré The Handmaid’s Tale, série dystopique adaptée des romans de Margaret Atwood dans lesquels les femmes sont réduites et forcées à un rôle de simples reproductrices. « Les rares séries qui m’accrochent sont celles qui racontent le pire », continue l’artiste de 29 ans, toujours chez Vanity Fair. Il cite volontiers comme autres sources d’inspirations Metropolis de Fritz Lang, Les Temps Modernes et Le meilleur des mondes, roman d’anticipation d’Aldous Huxley.

Love Factory n’avait pas pour but d’être filmé, mais en montant le spectacle, Eddy de Pretto s’est dit qu’il fallait « à tout prix garder une trace de ce moment ». La pièce n’avait pas non plus vocation à être reconduite en tournée, mais le chanteur n’est pas fermé à l’idée, nous dit-on. Elle sera, en tout cas, à retrouver sur le site de Culturebox après sa diffusion télé.

À voir également sur Le HuffPost :

Ce Kama-sutra préfacé par Eddy de Pretto est un peu différent des autres

Eddy de Pretto dans «On est en direct» avec Eric Zemmour: sa réaction quand il l’apprend