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L'ouragan Maria a fait au moins 25 morts dans les Caraïbes

par Dave Graham et Robin Respaut SAN JUAN, Porto Rico (Reuters) - L'ouragan Maria a poursuivi vendredi au large des îles Turks-et-Caïcos sa trajectoire dévastatrice dans les Caraïbes après avoir ravagé Porto Rico avec des vents soufflant à 250 km/h, fait au moins 25 morts au total et causé des dégâts considérables. Le bilan humain provisoire du second ouragan de très forte puissance à balayer les Caraïbes ce mois-ci, après Irma, s'établit à 14 morts sur la petite île de la Dominique, six à Porto Rico, deux en Guadeloupe et en République dominicaine et un dans les Îles Vierges. A Porto Rico, l'île entière est privée d'électricité et les dégâts matériels sont catastrophiques. Les autorités ont fait état d'au moins six morts confirmés officiellement. La presse avance un bilan de 15 morts. Une nouvelle catastrophe se dessinait vendredi soir dans le nord-ouest de Porto Rico, un barrage menaçant de céder. Les météorologues américains ont émis plusieurs alertes concernant le barrage du lac de Guatajaca, endommagé, qui a déjà causé de soudaines inondations. Les Portoricains habitant en aval du lac ont été évacués d'urgence par des autobus. Environ 70.000 personnes sont concernées par les évacuations, a annoncé le gouverneur de l'île, Ricardo Rossello. Selon Christina Villalba, responsable de l'agence de gestion de crise de l'île, l'effondrement du barrage est inéluctable. "Ça pourrait être ce soir, ça pourrait être demain, (...) ou dans les prochains jours, mais il très probable que cela arrive bientôt", a-t-elle déclaré. Les autorités projettent d'achever les évacuations vendredi soir. "On nous parle de scènes de destruction totale", a déclaré le gouverneur, Ricardo Rossello, sur CNN, invitant la population à la vigilance en raison des dangers de glissements de terrain et de la brusque montée des eaux. A San Juan, capitale du territoire américain de 3,4 millions d'habitants, l'ouragan a arraché les toits comme des fétus de paille, déraciné les arbres et déversé des trombes d'eau. Dans le coeur historique de la vieille ville, sauveteurs et résidents s'efforcent de déblayer les débris qui jonchent les rues, arbres, câbles et pylônes électriques, climatiseurs arrachés des murs, pans entiers de balcons. Les quelques tentatives de rouvrir les commerces se heurtent aux pires difficultés. "Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité, rien", résume Rogelio Jimenez, un employé d'une pizzeria. PIRE OURAGAN EN 90 ANS Le président américain Donald Trump, s'exprimant à New York jeudi, a déclaré que l'île avait été "anéantie" et son réseau de distribution électrique "totalement détruit". Les services fédéraux d'urgence ont commencé à travailler à la reconstruction, a-t-il dit, ajoutant qu'il envisageait de se rendre sur l'île, sans préciser quand. Avant l'ouragan, Porto Rico était déjà en proie à une crise de sa dette depuis près d'une décennie. Selon une source proche du dossier, les juges responsables du dossier de faillite de l'île ont conseillé de suspendre la procédure judiciaire le temps de la reconstruction. Porto Rico n'avait pas connu de phénomène météorologique d'une telle violence depuis l'ouragan San Felipe Segundo qui avait fait plus de 300 morts en 1928. Les dégâts causés par Maria dans les Caraïbes, y compris les pertes en matière de tourisme, sont estimés par les experts à 45 milliards de dollars (37 milliards d'euros), dont les deux tiers à Porto Rico. Maria, après avoir faibli, a retrouvé vendredi un statut d'ouragan majeur, en catégorie 3 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5. Ses vents atteignent 205 km/h et, après avoir passé les Îles Turks-et-Caïcos, il se situait à 00h00 GMT à 480 km à l'est des Bahamas, selon le dernier point de situation du Centre américain des ouragans (NHC). Son passage devait générer des vagues pouvant atteindre 3,70 m de haut sur les côtes des Turks-et-Caïcos et de l'archipel des Bahamas, au large duquel il sera dimanche. La tempête devrait toutefois perdre en puissance durant les deux prochains jours et éviter les Etats-Unis, au contraire d'Irma qui a dévasté la Floride. Sur son passage, l'ouragan Maria a inondé la Guadeloupe et la Martinique, les deux grandes îles des Antilles françaises qui avaient été placées en alerte cyclonique violette, causant la mort de deux personnes en Guadeloupe et d'importants dégâts. Ceux-ci ont été estimés vendredi à moins de 100 millions d'euros par la Caisse centrale de réassurance. Septième ouragan de la saison et quatrième ouragan majeur dans l'Atlantique, Maria a en particulier frappé de plein fouet la Dominique. On y a dénombré au moins 14 morts et on y redoute des dégâts colossaux car l'oeil du cyclone et son mur de vent dévastateur sont passés juste au-dessus de l'île. L'ancienne colonie anglaise et ses 71.000 habitants sont pratiquement coupés du monde. Selon l'Onu, 95% des toits des maisons ont été arrachés ou endommagés. Maria a également ravagé les Îles Vierges et Sainte-Croix où vivent la moitié des 103.000 habitants de ce territoire américain. Environ 70% des habitations y ont été endommagées. Au début du mois, le passage dévastateur d'Irma a fait au moins 84 morts et infligé des dégâts matériels énormes dans les Antilles et aux Etats-Unis, surtout en Floride. (Avec les rédactions de New York et Houston, Gilles Trequesser pour le service français)