"Loups-garous": comment Netflix s'est inspiré du célèbre jeu pour faire un "Jumanji français"

Transformer l'un des jeux de société français les plus célèbres au monde, Les Loups-garous de Thiercelieux, en Jumanji à la française, c'est le pari de la comédie familiale Loups-garous, disponible à partir de ce mercredi 23 octobre sur Netflix.

Ce film signé François Uzan (Lupin, Family Business, En place) raconte comment une famille se retrouve dans le village médiéval de Thiercelieux après avoir découvert un mystérieux jeu de cartes. Pour retourner à son époque, elle doit remporter le jeu et affronter de dangereux loups-garous.

Alors que le père (Franck Dubosc) sauve sa famille en se faisant passer pour un troubadour, il profite de cette épreuve pour raffermir ses liens avec son père atteint d'Alzheimer (Jean Reno), sa femme qu'il n'arrive plus à séduire (Suzanne Clément) et ses deux enfants qui le trouvent ringard.

Mystères

Écoulé à plus de 7 millions d'exemplaires dans le monde depuis sa création il y a vingt ans, Les Loups-garous de Thiercelieux connaît un regain de popularité. "Ça fait un certain temps que Asmodee, la maison-mère des Loups-garous, essaye de créer des projets audiovisuels autour du jeu", explique à BFMTV François Uzan.

"Il y avait eu des livres, des BD. Et ils voulaient faire un jeu télé et un film... Pas de bol, ça sort au même moment."

Mais contrairement à l'émission de Canal+, avec Fary et Panayotis Pascot, dont l'ambition est de transmettre à l'écran l'excitation des parties entre amis, Netflix met l'accent sur les métamorphoses et l'atmosphère de mystère propres aux Loups-garous de Thiercelieux. Et ce à grand renfort d'effets spéciaux.

"L'idée du Jumanji français, c'est mon producteur, Clément Miserez, qui me l'a proposé", précise encore François Uzan. "J'ai écrit le film que je voulais voir et puis il est devenu réel! Je l'ai fait lire aux deux créateurs du jeu. C'était important d'avoir leur aval. Ils m'ont fait juste demander de remplacer le mot 'tuer' par 'éliminer'."

Dubosc chanteur

Mais le film, tourné dans les impressionnants studios Barrandov à Prague, où la cité moyenâgeuse de Thiercelieux a été reconstituée, dépasse son statut de simple adaptation du jeu de société. Pour passer inaperçu, le personnage de Franck Dubosc se fait passer pour un troubadour et interprète plusieurs tubes de la chanson française.

Dans une scène clef, l'acteur livre une étonnante version médiévale d'Allumer le feu. "C'était un défi", se souvient Franck Dubosc. "D'habitude, je n'ai pas le tract. Mais là, j'avoue que je l'ai eu un petit peu plusieurs jours avant de tourner. Ce n'était pas très facile d'autant qu'on voulait que ce soit au premier degré."

"Si Franck faisait l'effort de chanter, il fallait qu'on le fasse sérieusement", abonde François Uzan. "On a enregistré comme si c'était un vrai concert. On a fait un enregistrement en studio avec Franck. On a fait venir un choriste de Johnny. Il fallait y croire à fond. Si on allait dans le second degré, on était mort."

"Comme c'est Netflix, on s'est demandés s'il fallait faire des chansons anglaises, du Elvis ou des Bee Gees. Mais non. C'est un jeu français, ce sont des comédiens français: ça devait être de la chanson française", insiste François Uzan. La scène, qui a le potentiel de devenir virale, pourrait inspirer des joueurs à la reproduire dans les parties.

Emotion

Autre élément du film qui lui permet d'éviter d'être un simple produit dérivé: Franck Dubosc incarne un héros romantique prêt à tout pour reconquérir sa femme. Un rôle éloigné des "nigauds naïfs" qui ont fait sa célébrité, se réjouit-il: "On suit une très belle histoire de famille. C'est ce qui donne le rire et l'émotion."

"Je voulais une famille, trois générations qui s'engueulent et qui se retrouvent dans le jeu", précise François Uzan. Le grand-père atteint d'Alzheimer retrouve la mémoire l temps du jeu à Thiercelieux. Un détail du scénario qui ajoute à la comédie un enjeu dramatique fort: revenir à leur époque implique de le perdre une nouvelle fois.

"Ce qui est beau, c'est qu'on sait que leur but est de rentrer, mais en rentrant, il retrouvera son handicap. Ces scènes fonctionnent très bien (auprès du public)", souligne Franck Dubosc. "Tous ceux qui ont perdu quelqu'un ont envie de se retrouver avec cette personne une dernière fois."

Un dilemme qui l'a convaincu de plonger dans cet univers bien qu'il veut désormais faire moins de comédie. "Il fallait qu'il y ait un véritable enjeu émotionnel. Il ne fallait pas que je fasse juste le pitre. Je ne veux plus faire le pitre. Mais j'ai envie d'être encore drôle", précise-t-il.

En cas de succès, une suite est possible, conclut François Uzan: "Quand une partie est chouette, on a toujours envie d'en refaire une."

Article original publié sur BFMTV.com