Loup en Europe : ce que va changer le déclassement de la protection du canidé voté par l’UE

La Convention de Berne a approuvé ce mardi 3 décembre un déclassement du statut de protection du loup. (Photo d’illustration)
MARTIN BUREAU / AFP La Convention de Berne a approuvé ce mardi 3 décembre un déclassement du statut de protection du loup. (Photo d’illustration)

ENVIRONNEMENT - Plus facilement abattu. La Convention de Berne, qui assure la protection de la faune principalement en Europe, a approuvé ce mardi 3 décembre un déclassement du statut de protection du loup, qui va passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée ».

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Les 49 États membres, réunis à Strasbourg, ont donné leur feu vert à une proposition en ce sens de l’Union européenne, qui cherche à mieux protéger le bétail dans un contexte d’augmentation de la population des loups, a indiqué dans un communiqué le Conseil de l’Europe.

L’amendement entrera en vigueur dans les pays ayant voté en sa faveur dans trois mois, « sauf si au moins un tiers des parties à la Convention de Berne (17) s’y oppose », a précisé l’organe décisionnaire européen.

« Généraliser la possibilité de tirer et de tuer des loups »

Cette décision était scrutée par les associations environnementales inquiètes du sort du canidé en Europe. « On ne pourra pas se mettre à chasser le loup sans aucun cadre, mais un déclassement permet de généraliser la possibilité de tirer et de tuer des loups, selon des règles qui devront être déterminées nationalement », récapitulait lundi pour l’AFP le directeur des programmes de WWF-France, Yann Laurans.

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Jusqu’ici, les loups peuvent être tués dans des conditions très précises pour protéger des troupeaux, une disposition déjà mise en œuvre en France via des dérogations.

« Le risque de rétrograder ce statut est aussi de fragiliser voire provoquer le déclin de cette espèce en Europe », alertait également Yann Laurans, avant de rappeler que le loup avait entièrement disparu de l’Hexagone il y a un siècle. De plus, déstabiliser « l’organisation sociale très précise » qu’est une meute par des tirs sporadiques risque de créer « des comportements plus désordonnés » de celle-ci envers les troupeaux, selon lui.

Sous pression des agriculteurs

Dans sa proposition, l’UE, qui assure se fonder sur « une analyse approfondie du statut » du carnivore sur son territoire, fait état d’une population grandissante, atteignant les 20 300 individus en 2023, pour la plupart dans les Balkans, les pays nordiques, en Italie et en Espagne. Une expansion qui serait à l’origine de difficultés de « coexistence avec les activités humaines, notamment en raison des dommages causés au bétail, qui ont atteint des niveaux importants », selon Bruxelles.

De nombreux agriculteurs français dénoncent notamment depuis début novembre des attaques sur leurs bêtes ainsi qu’une inaction de l’État concernant l’autorisation de tirs de défense.

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Le déclassement du loup n’aura « aucune conséquence positive sur le bétail des éleveurs en France et en Europe », assure pourtant le cofondateur de l’Observatoire du loup, Jean-Luc Valérie. « Il n’y a qu’une solution viable : laisser les élus gérer la situation à l’échelle régionale voire locale, et que ces derniers implantent sur leur territoire des personnes formées sur le sujet, qui puissent renseigner les éleveurs inquiets au sujet de potentielles attaques », affirme-t-il.

D’après l’association FERUS, en pointe sur le combat pro loup, la mort d’une bête dominante peut « déstructurer la meute », augmenter l’agressivité et « les attaques envers les troupeaux ». Plutôt que les tirs, elle recommande donc la présence de chien de protection, la surveillance humaine et la pause de clôtures électrifiées pour protéger le bétail.

Baisse du nombre de loups en France en 2023

Dans une lettre adressée fin novembre au secrétaire de la Convention, Mikaël Poutiers, plusieurs ONG pointaient une proposition de l’UE « largement considérée comme illégale, manquant de justification scientifique et violant les principes de participation démocratique ».

« En affaiblissant l’espèce qui est le sommet du système écologique européen, on risque de fragiliser l’ensemble de la santé, déjà assez peu robuste, de l’écosystème », appuie encore Yann Laurans.

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L’estimation du nombre de loups en France en 2023 s’est établie à 1 003 individus, en baisse de 9 % sur un an. Environ 20 % de la population est abattue chaque année. Lors d’une visite au Sommet de l’élevage début octobre, le Premier ministre français Michel Barnier avait estimé que la nouvelle évaluation officielle du nombre de loups en France, attendue d’ici fin 2024, pourrait représenter un potentiel « moment clé » pour augmenter les abattages.

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