L'Otan prête à envoyer des troupes pour défendre la Turquie

par Robin Emmott BRUXELLES (Reuters) - L'Otan est prête à envoyer des troupes en Turquie pour défendre cet Etat membre contre les menaces pesant sur sa frontière sud, a indiqué jeudi le secrétaire général de l'Alliance atlantique après les violations répétées de l'espace aérien turc par des avions de chasse russes menant des frappes en Syrie. "L'Otan est prête et a les moyens de défendre tous ses alliés, y compris la Turquie, contre toute menace", a déclaré Jens Stoltenberg devant la presse avant une réunion des ministres de la Défense de l'organisation à Bruxelles qui sera principalement consacrée à la crise syrienne. "L'Otan a déjà répondu en augmentant ses capacités, son aptitude et sa préparation au déploiement de forces y compris dans le Sud, y compris en Turquie", a-t-il poursuivi. Le secrétaire général a affirmé que les frappes de missiles russes en Syrie constituaient des "raisons d'inquiétude". C'est la première fois depuis la Seconde guerre mondiale que Russie et Etats-Unis mènent des opérations militaires aériennes dans un même pays. L'Otan souhaite éviter une dégradation de la situation en Syrie mais les incursions effectuées samedi et dimanche par des avions de chasse russes dans l'espace aérien turc interrogent sur la capacité de dissuasion de l'Alliance sans confrontation directe avec une Russie péremptoire. Les Etats-Unis ont exclu une coopération militaire avec les Russes en Syrie. Les ministres de la Défense des pays membres de l'Otan vont néanmoins discuter des moyens de convaincre Moscou de participer à une résolution du conflit. "Il doit y avoir une solution politique, une transition", a jugé Jens Stoltenberg. "La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave en Syrie", a estimé le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, appelant Moscou à faire usage de son influence sur le régime de Bachar al Assad pour un arrêt des bombardements sur les populations civiles. Des divergences de vue existent au sein de l'Otan entre les pays d'Europe de l'Est qui estiment que l'engagement russe en Syrie a détourné l'attention du conflit en Ukraine et les pays qui considèrent l'Etat islamique comme la menace la plus grave et la plus imminente. "Nous devons nous accorder sur une stratégie à long terme à l'égard de la Russie mais l'Otan a besoin d'une stratégie dans sa partie sud", a dit le représentant britannique auprès de l'organisation à la veille de la réunion ministérielle. "Le monde change et l'Otan doit développer sa capacité à réagir à plusieurs choses en même temps", a ajouté Adam Thomson. Plusieurs pays, dont la Pologne et les Etats baltes souhaitent une présence permanente de troupes alliées sur leur territoire pour dissuader les tentatives de Vladimir Poutine de rétablir l'influence russe dans les anciennes républiques soviétiques. (Robin Emmott; Pierre Sérisier pour le service français)