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L'Otan entend poursuivre son projet de dissuasion à l'Est

par Robin Emmott BRUXELLES (Reuters) - Les ministres de la Défense de l'Otan se réunissent mercredi à Bruxelles pour discuter notamment du déploiement militaire de l'Alliance à l'Est, sur fond de désaccords prolongés avec Moscou. Alors que les avions russes multiplient les démonstrations de force en longeant les côtes européennes pour rejoindre la Syrie, les dirigeants de l'Alliance Atlantique entendent concrétiser la promesse faite en juillet d'envoyer des unités dans les pays baltes et dans l'est de la Pologne. Les Etats-Unis espèrent obtenir des engagements européens pour fournir les rangs de quatre bataillons de 4.000 soldats, dans le cadre de la réponse de l'Otan à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et d'inquiétudes quant aux velléités russes. La France, le Danemark et l'Italie devraient entre autres se joindre aux bataillons menés par les Etats-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Canada en Pologne, en Lituanie, en Estonie et en Lettonie, en fournissant notamment des drones ou des véhicules blindés. Le 14 octobre, Rome a annoncé le déploiement en Lettonie de 140 militaires italiens sous la bannière de l'Otan, à l'occasion d'une visite à Rome du secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. Ce dernier estime que les engagements des partenaires constitueront "une manifestation claire de notre lien transatlantique". Des diplomates jugent en outre que la mesure enverra un message au candidat républicain américain Donald Trump, qui s'est plaint à plusieurs reprises du manque d'engagement des alliés européens de l'Otan. "PRÉVENIR UN CONFLIT" Les quatre bataillons seront soutenus par la force de réaction rapide de l'organisation, forte de 40.000 hommes, et de possibles renforts en cas de conflit. Ils s'inscrivent dans la nouvelle stratégie de dissuasion de l'Otan dans la région, et pourraient à l'avenir se doubler de défenses antimissiles, de patrouilles aériennes voire de boucliers anti-attaques informatiques. Pour le Kremlin, déjà irrité par l'expansion à l'Est de l'Alliance (les pays baltes l'ont rejointe en 2004), ces projets militaires sont de trop. Le secrétaire général Jens Stoltenberg a démenti toute provocation: "C'est une dissuasion crédible, non pour provoquer un conflit mais pour prévenir un conflit", a-t-il dit mardi à des journalistes. Prévus pour l'année prochaine, ces déploiements ont pris une importance symbolique après l'annonce du Kremlin de son désengagement d'accords de non-prolifération nucléaire le mois dernier. Au début du mois, Moscou a en outre déplacé des missiles à capacité nucléaire dans son enclave baltique de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie. "Ce déploiement, s'il devient permanent, si la présence d'armes nucléaires est confirmée, constituerait un changement du dispositif de sécurité" de la Russie, a déclaré l'émissaire américain auprès de l'Otan, Douglas Lute. (Julie Carriat pour le service français)