Premier face-à-face Trump-Merkel à la Maison blanche

par Jeff Mason et Andreas Rinke WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump et Angela Merkel ont eu un premier face-à-face à la Maison blanche vendredi, l'occasion pour eux d'évoquer notamment la question de l'avenir des relations transatlantiques. S'exprimant aux côtés de la chancelière allemande lors d'une conférence de presse commune, le président américain a d'emblée rappelé l'engagement total des Etats-Unis envers l'Otan, organisation qu'il avait pourtant qualifiée d'"obsolète". "J'ai réitéré à la chancelière Merkel mon entier soutien à l'Otan mais aussi le fait que nos alliés de l'Otan doivent payer leur juste part du coût de la défense", a-t-il dit. Et il s'est félicité d'entendre Angela Merkel dire que "l'Allemagne devait augmenter ses dépenses" en matière de défense et de savoir que Berlin allait le faire "jusqu'à atteindre 2% du PIB". Donald Trump souhaite en effet voir les Européens contribuer davantage au financement de l'Alliance atlantique, une position qu'il avait avancée à maintes reprises durant la campagne présidentielle, et qu'Angela Merkel a dit comprendre. Les deux dirigeants ont abordé par ailleurs les grands dossiers de l'actualité internationale, notamment ont-ils dit l'Afghanistan et l'Ukraine. COMMERCE Les échanges commerciaux étaient aussi au menu de l'entretien. Angela Merkel et d'autres dirigeants de l'Union européenne n'ont pas caché leurs inquiétudes face au protectionnisme affiché par la nouvelle administration américaine. Sur ce point, Donald Trump vendredi a tenu à souligner qu'il ne croyait pas au protectionnisme - "Je ne suis pas un isolationniste", a-t-il affirmé - mais qu'il était partisan "du commerce équitable". Et il s'est dit certain que le commerce avec l'Allemagne, grande puissance exportatrice, allait se poursuivre "fantastiquement bien". Le président américain a pourtant menacé d'imposer des taxes aux constructeurs automobiles allemands et l'un de ses conseillers, Peter Navarro, a accusé Berlin de profiter d'avantages commerciaux indus grâce à un euro faible. Les Etats-Unis représentent pour l'Allemagne le premier marché à l'exportation. L'excédent allemand a atteint près de 50 milliards d'euros l'an dernier. Les Etats-Unis ont importé pour 107 milliards d'euros de biens et services allemands et en ont exporté en Allemagne pour 58 milliards d'euros. Lundi, à Munich, Angela Merkel a rappelé que les sociétés allemandes employaient près de 750.000 personnes aux Etats-Unis et qu'un à deux millions d'emplois aux Etats-Unis étaient indirectement dépendants d'entreprises allemandes. "ERREUR CATASTROPHIQUE" Outre le commerce, les deux pays s'opposent sur la question des réfugiés et la question a été abordée vendredi, ont dit les deux dirigeants, sans entrer dans les détails. Donald Trump a toutefois estimé que "l'immigration est un privilège, pas un droit". Le président américain avant son élection avait qualifié d'"erreur catastrophique" la décision de l'Allemagne d'ouvrir grand la porte aux réfugiés en 2015. Angela Merkel, qui entretenait d'excellentes relations avec Barack Obama et son prédécesseur George W. Bush, aura saisi l'occasion, dit-on dans son entourage, de convaincre Donald Trump de la nécessité de renforcer l'axe Berlin-Washington. "Ceux qui connaissent la chancelière savent qu'elle a un don pour séduire lors des discussions en face-à-face. Je suis convaincu que Donald Trump ne fera pas exception", soulignait avant la rencontre Jürgen Hardt, un parlementaire conservateur chargé de coordonner les relations transatlantiques pour le compte du gouvernement allemand. La Russie devait être également au menu des discussions. La Maison blanche a déclaré que Donald Trump comptait demander conseil à Angela Merkel sur la manière de traiter avec Vladimir Poutine, qu'il n'a pas encore rencontré. La chancelière devait par ailleurs s'efforcer d'obtenir de son hôte des garanties sur le respect par Washington des engagements en matière de lutte contre le changement climatique. Durant la campagne électorale, Donald Trump avait affirmé que le "concept de réchauffement climatique" était une invention des Chinois "pour empêcher l'industrie américaine d'être compétitive". Il a suggéré qu'il pourrait retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris signé en décembre 2015. Dans son premier projet de budget, le nouveau gouvernement américain propose une coupe de 31% (2,6 milliards de dollars) du budget de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) et une suppression des programmes de recherche sur le réchauffement climatique. (Avec Noah Barkin à Berlin, Nicolas Delame et Gilles Trequesser pour le service français)