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L'OSCE, pessimiste sur l'Ukraine, défend l'accord de Minsk

Carcasse de blindé près de Louhansk. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) estime que les perspectives de paix dans l'est de l'Ukraine sont faibles mais qu'une solution à la crise ne peut être trouvée que dans l'accord conclu le 5 septembre à Minsk. /Photo prise le 19 novembre 2014/REUTERS/Antonio Bronic

VIENNE (Reuters) - Les perspectives de paix dans l'est de l'Ukraine sont faibles mais une solution à la crise ne peut être trouvée que dans l'accord conclu le 5 septembre à Minsk, a déclaré jeudi une responsable de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). "Quels que soient ses défauts, et même s'il doit être complété, l'accord de Minsk est la porte vers la paix dans l'est de l'Ukraine", a dit la diplomate suisse Heidi Tagliavini, émissaire de l'OSCE au sein du "Groupe de contact" tripartite qui regroupe aussi des représentants de la Russie et de l'Ukraine. "Je ne peux admettre qu'on dise que l'accord de cessez-le-feu conclu à Minsk appartient au passé. Oui, cet accord a été maintes fois violé mais il reste le seul accord qui mette un frein aujourd'hui à la violence", a-t-elle ajouté lors d'une réunion de l'OSCE à Vienne. Les combats dans l'est de l'Ukraine ont tué en moyenne 13 personnes par jour depuis le 5 septembre, selon le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Entre la mi-avril et le 18 novembre, 4.317 personnes sont mortes et 9.921 ont été blessées dans les affrontements entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les rebelles séparatistes pro-russes. Heidi Tagliavini a souligné que la situation ne s'était pas améliorée depuis le sommet du G20 le week-end dernier en Australie, où le président russe Vladimir Poutine a été menacé de nouvelles sanctions. Les combats se poursuivent, notamment autour de l'aéroport de Donetsk et dans les faubourgs de la ville de Marioupol, sur la mer d'Azov. "TERRAIN DE JEU" L'Ukraine accuse la Russie de violer l'accord de Minsk en envoyant des armes et des hommes aux rebelles, ce que le Kremlin dément. Moscou demande pour sa part au gouvernement ukrainien d'ouvrir des négociations directes avec les séparatistes. Les autorités de Kiev ne veulent pas en entendre parler car cela reviendrait, selon elles, à reconnaître les "Républiques populaires" proclamées par les insurgés dans les régions de Donetsk et de Louhansk. "Nous ne discuterons pas directement avec vos mercenaires", a dit mercredi le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk à l'adresse des Russes. Jeudi, il a accusé Vladimir Poutine d'utiliser l'Ukraine comme un "terrain de jeu". "Les agissements de Poutine menacent tout le monde, l'ordre mondial, la paix mondiale, et menacent directement les pays membres de l'Union européenne et de l'Otan (...) Notre objectif commun doit être d'empêcher une guerre généralisée que la Russie cherche délibérément à provoquer", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Poutine croit que l'Ukraine est juste un terrain de jeu." Pour sa part, la Russie a prévenu jeudi que les Etats-Unis se mettraient en infraction avec les accords internationaux et compliqueraient encore la situation en Ukraine s'ils décidaient de livrer des armes létales au gouvernement de Kiev. Anthony Blinken, conseiller adjoint à la sécurité nationale que Barack Obama a proposé au rang de numéro deux du département d'Etat, a estimé que l'administration américaine aurait intérêt à revoir sa stratégie sur le soutien au gouvernement ukrainien. "Compte tenu des graves violations russes de l'accord qu'ils ont signé, l'accord de Minsk, je considère qu'un élément susceptible de les faire réfléchir à deux fois et de les dissuader de lancer de nouvelles initiatives serait de renforcer les capacités des forces ukrainiennes, y compris en leur livrant des équipements défensifs létaux", a-t-il dit mercredi lors de son audition devant le Congrès. Les propos de Blinken sont un "signal très sérieux" qui "pourrait avoir un impact grave sur l'équilibre des forces dans la région", a dit Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Le vice-président américain, Joe Biden, est attendu dans la soirée à Kiev. Pour Blinken, il est quasi-certain que la question des armes sera abordée lors de ses discussions avec les autorités ukrainiennes. (Michael Shields avec Richard Balmforth à Kiev, Guy Kerivel pour le ervice français)