Dans "L'origine du monde", Laurent Lafitte malmène l'image de la "gentille vieille dame"

CINÉMA - Dans L’origine du monde, Laurent Lafitte fait de l’actrice Hélène Vincent le personnage clé de son film loufoque, qui sort en salles ce mercredi 15 septembre. Et l’acteur aussi réalisateur n’hésite pas à malmener l’image d’Épinal de la “gentille vieille dame” autant que son spectateur.

Laurent Lafitte avait déjà fait preuve de son humour grinçant tendance “malaisant” au Festival de Cannes ou aux César. Il continue de le prouver avec son premier long-métrage, L’origine du monde, adapté de la pièce de théâtre éponyme de Sébastien Thiéry dont le pitch plante le décor: alors que le cœur de Jean-Louis s’est arrêté de battre, une obscure médecin lui promet de lui sauver la vie s’il parvient à lui ramener une photo du vagin de sa mère...

Cette mère, qui subit tous les stratagèmes de son fils (Laurent Lafitte), de sa femme (Karin Viard) et son meilleur ami (Vincent Macaigne) pour tenter de prendre ledit cliché, est incarnée par la géniale Hélène Vincent. Mais celle qu’on prend naïvement pour une gentille vieille dame au début du film se révèle être “une garce” au fur et à mesure que son fils dénoue des histoires familiales, comme la comédienne nous le confie dans notre interview vidéo à voir en tête de cet article.

Entre rire et embarras

Un rôle jubilatoire pour l’actrice de 78 ans qui confie “le bonheur incroyable de jouer un personnage aussi complexe, même et aussi dans ces moments où on se dit: ‘mais la garce!’”. D’autant plus qu’Hélène Vincent témoigne de la difficulté d’exister pour les femmes au cinéma: “Passé un certain âge, on devient invisibles. On n’existe plus. On sort les femmes du récit!”

Un avis partagé par le réalisateur. “Au cinéma, on est cruels avec les femmes. Passé un certain âge, les rôles sont beaucoup moins intéressants et se résument à des figures: la mamie gâteau, la vieille acariâtre”, explique-t-il au HuffPost. “Je voulais que notre rapport à ce personnage clé soit complètement déstabilisé, qu’on apprenne des choses qui brisent l’empathie qu’on a avec elle et qu’on se demande: ‘mais en fait, qui est cette femme?’”

C’est là l’une des forces de l’histoire: Laurent Lafitte se défait insolemment des traditionnels poncifs des rôles de “vieux” au cinéma, à tel point qu’on a parfois du mal à savoir si ça nous fait rire ou si ça nous embarrasse. Et si le réalisateur reconnaît que son film pourrait “un peu trop bousculer certains spectateurs”, lui assume pleinement sa “liberté de ton”.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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