Et si l'origine de la maladie de Crohn se trouvait dans le sol ?
On estime qu’un adulte ingère en moyenne 23 mg de sol (l’équivalent d’environ un grain de riz) par jour, mais c’est 100 fois plus pour un enfant, soit 208 mg par jour.
Face à l'augmentation des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), des affections dont l'origine reste mal connue et concernant 200.000 personnes en France, un programme original recherche un éventuel lien avec la pollution des sols. Nommé CROPS, il est est en cours dans le nord de la France. Explications.
Et si les MICI (comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, lire l'encadré ci-dessous), des affections en augmentation qui concernent 200.000 personnes en France, étaient en lien avec la pollution des sols ? Telle est la question qui sous-tend un programme de recherche original dit CROPS (CRohn's disease and Pollution of. Soils) en cours dans le nord de la France.
Au programme de la première journée dédiée à la recherche sur les MICI et l’environnement organisée début janvier 2025 à la Direction Générale de la Santé (Paris) par l’association de patients afa Crohn RCH France, ses premiers résultats ont été présentés à la communauté scientifique par sa coordinatrice, le Pr Annabelle Deram (université de Lille, laboratoire génie civil et géo-environnement, LGCgE).
Maladie de Crohn : le nord de la France particulièrement touché
Pour bien comprendre ces travaux, il faut savoir qu’en France, le nombre de nouveaux cas annuels de maladie de Crohn est compris entre 4 et 5 pour 100.000 habitants.
Or, dans le nord de la France qui cumule déjà de tristes records en matière de santé publique, on sait déjà depuis plusieurs années que l’incidence y est supérieure (5,7 cas pour 100.000 habitants). Des données qui proviennent du registre Epimad mis en place au CHU de Lille en 1988, une précieuse aide qui permet depuis aux chercheurs et aux médecins de suivre tous les patients atteints de MICI dans quatre départements (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Seine-Maritime).
Mais, face à ces affections dont l’origine reste toujours inconnue et qui concernent surtout les jeunes adultes (15% d’enfants), de récents travaux d’Epimad parus à l’automne 2024 dans la revue The Lancet ont montré, dans une étude de grande envergure réalisée sur 30 ans, que leur incidence continuait d’augmenter tout particulièrement dans le nord de la France, surtout chez les enfants et les jeunes adultes. Pour la maladie de Crohn, l'incidence est ainsi passée de 5,1/105 en 1988-1990 à 7,9/105 en 2015-2017.[...]