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L'opposition turque veut déployer un demi-million d'observateurs

ANKARA (Reuters) - Les principaux partis de l'opposition turque et plusieurs ONG entendent déployer plus d'un demi-million d'observateurs dimanche dans les bureaux de vote à l'occasion des élections présidentielle et législatives.

L'opposition redoute des fraudes électorales lors de ce double scrutin anticipé. Elle pointe la modification récente de la loi électorale - la carte électorale notamment a été redécoupée dans le sud-est principalement kurde du pays - et rappelle les suspicions de fraude ayant entaché le référendum constitutionnel de l'an dernier.

Le projet consiste à mobiliser 519.000 observateurs répartis dans les quelque 180.000 bureaux de vote du pays.

"Les modifications apportées à la loi électorale ont rendu les élections moins sûres", a déclaré le député d'opposition Riza Turmen, ancien juge à la Cour européenne des droits de l'homme.

"Laisser la gestion de ces élections à la bureaucratie, aux forces de sécurité et au gouvernement plutôt qu'aux partis politiques est inquiétant", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse jeudi.

Le Parti républicain du peuple (CHP, première force de l'opposition) et d'autres formations, dont le parti Iyi, ont créé une application pour smartphone qui permettra dimanche à leurs volontaires de se coordonner et de rendre compte en temps réel des opérations de dépouillement dans les bureaux de vote.

En avril 2017, Erdogan a fait adopter par référendum une réforme de la Constitution renforçant les prérogatives présidentielles.

Le "oui" l'avait emporté de justesse et l'opposition avait dénoncé des irrégularités, critiquant notamment la décision de la commission électorale (YSK) d'autoriser la comptabilisation des bulletins de vote non tamponnés par des scrutateurs.

Un rapport rédigé par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de l'Europe avait relevé par la suite que 2,5 millions de bulletins avaient pu être manipulés lors du scrutin.

"Nous sommes tout à fait déterminés cette fois, nous avons le sentiment qu'il s'agit probablement de la seule chance qui nous aura été donnée au cours des seize dernières années, et nous ne voulons pas rater cette occasion", a déclaré à Reuters le vice-président du CHP, Unal Cevikoz.

Au pouvoir depuis 2003, à la tête du gouvernement puis à la présidence, depuis 2014, Recep Tayyip Erdogan brigue un nouveau mandat. Il est en tête des intentions de vote, mais pourrait être contraint à un second tour. En ce qui concerne les législatives, l'AKP, son parti, pourrait perdre sa majorité.

(Tuvan Gumrukcu; Henri-Pierre André pour le service français)