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L'opposition syrienne en exil veut élargir sa base

par John Irish PARIS (Reuters) - Le chef de file de l'opposition syrienne en exil annonce, dans une interview à Reuters, son intention de forger des alliances avec les mouvements actifs sur le terrain pour asseoir sa légitimité en vue d'une relance du processus de paix devant conduire à une transition politique. Quatre ans après le début du conflit, l'objectif reste le départ du président Bachar al Assad, mais il ne s'agit plus d'une condition préalable à l'ouverture de négociations, déclare Khaled Khoja, dans un entretien accordé à Paris. Elu en janvier à la présidence de la Coalition nationale des forces de la révolution et de l'opposition syrienne, Khaled Khoja, 49 ans, a été reçu ce jeudi par François Hollande. "Le chef de l’Etat a félicité la coalition nationale syrienne pour son initiative de dialogue avec les autres composantes de l’opposition démocratique et l’a encouragée à poursuivre dans cette voie", selon un communiqué de l'Elysée publié à l'issue de leur rencontre. François Hollande "a souligné la nécessité d’œuvrer sans relâche à la relance du processus de Genève pour une transition politique en Syrie, seule solution possible" à la crise syrienne et à la montée en puissance de l'Etat islamique (EI). Malgré ses dissensions et ses liens ténus avec les groupes armés qui combattent les forces gouvernementales, la Coalition soutenue par les puissances occidentales reste un interlocuteur incontournable du processus de paix. "Nous avons une nouvelle stratégie qui consiste à prendre l'initiative et à dialoguer avec les mouvements qui ne font pas partie de la coalition", a déclaré Khaled Khoja mercredi à Reuters à l'issue d'un entretien avec l'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura, à Paris. "L'objectif ultime, c'est d'avoir une assemblée générale qui intègre toutes les parties qui veulent une Syrie nouvelle et ont une position commune en vue d'un éventuel processus de négociation avec le régime, sur la base des accords de Genève I", a poursuivi Khaled Khoja. Adoptés en 2012 sur les bords du lac Léman, ces accords prévoient la formation d'un organisme de gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs exécutifs. NÉGOCIATIONS SECRÈTES L'essentiel, c'est de mettre un terme à l'effusion de sang, souligne le président de la Coalition, qui fait état de progrès après des négociations secrètes avec le Comité de coordination nationale pour le changement démocratique, basé en Syrie, organisées il y a dix jours à l'initiative de Paris. Les deux parties se sont pour la première fois entendues sur un plan prévoyant la formation d'une autorité de transition. Khaled Khoja dit avoir eu des discussions avec d'autres mouvements de l'intérieur, dont Construire l'Etat syrien, et des groupes jugés proches de Damas. "En tant que fédération de l'opposition syrienne, nous insistons sur l'objectif de renverser Assad et les services de sécurité qui sont à ses ordres, mais il n'est pas nécessaire d'en faire une condition à l'ouverture du processus", a-t-il déclaré. Lors des discussions de Genève, Damas a contesté la légitimité de la coalition. Ses alliés russes et iraniens ont par ailleurs dit craindre un vide du pouvoir en cas d'éviction d'Assad. L'émergence de l'Etat islamique a toutefois rebattu les cartes et l'urgence de la situation pourrait permettre une relance du processus diplomatique, d'autant qu'aucune solution militaire ne semble possible. "Nous sommes à un stade où la reprise des discussions sur une solution politique est crédible", dit-on de source diplomatique française. "Ce qui nous amène à le penser, c'est que, d'une certaine façon, l'Etat islamique met tout le monde sous pression et que tout le monde doit évoluer, y compris les Russes et les Iraniens", ajoute-t-on. (avec Marine Pennetier, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Yves Clarisse)