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L'opposition syrienne demande l'arrêt des frappes aériennes

BEYROUTH (Reuters) - La Coalition nationale syrienne (CNS, opposition) a demandé la suspension des frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis contre l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie en attendant les conclusions de l'enquête sur la mort de dizaines de civils lors d'un raid près de la ville de Manbij, dans le nord du pays. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne, a déclaré qu'au moins 56 civils avaient été tués par des frappes aériennes au nord de Manbij mardi. La veille, il avait fait état de la mort de 21 civils également au nord de la ville, tenue par l'EI. Le président de la CNS, Anas al Abdah, a déclaré que les frappes devraient être suspendues pendant l'enquête sur les causes de ces décès, selon un communiqué publié mercredi soir, et il a averti que la mort de civils dans des opérations militaires de la coalition risquaient de devenir "un outil de recrutement pour des organisations terroristes". "Il est essentiel qu'une telle enquête aboutisse non seulement à une révision des procédures pour les opérations futures mais aussi qu'elle permette de mettre en cause ceux qui sont responsables de telles violations majeures", a écrit Anas al Abdah aux ministres des Affaires étrangères de pays de l'alliance anti-EI. Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a déclaré mercredi que les forces conduites par les Etats-Unis allaient enquêter sur les informations faisant état de pertes civiles autour de Manbij. L'OSDH a précisé que 11 enfants figuraient les victimes de la frappe de mardi. Le ministère syrien des Affaires étrangères a déclaré que ce bombardement, qui a touché le village de Toukhan, au nord de Manbij, avait été menée par les forces françaises et celui de lundi par les forces américaines. La Syrie "condamne dans les termes les plus forts les deux massacres sanglants perpétrés par des avions militaires français et américains et ceux affiliés à la prétendue coalition internationale qui ont tiré leurs missiles et leurs bombes sur des civils au lieu de viser des bandes de terroristes", dit-il dans une lettre adressée aux Nations unies, selon l'agence de presse officielle Sana. Un porte-parole de la coalition emmenée par les Etats-Unis a déclaré que "des avions de multiples nations procédaient à des frappes à Manbij". "Donc, comment le gouvernement syrien sait-il qui a procédé à telle ou telle frappe, je me le demande", a-t-il ajouté. L'Armée syrienne libre, qui regroupe différentes factions luttant à la fois contre le régime syrien et contre l'EI, a elle aussi condamné ce qu'elle appelle "des massacres choquants". "Nous ne permettrons pas qu'un crime soit justifié par le combat contre le terrorisme", dit-elle dans un communiqué signé par plus de 30 factions différentes. (Dominic Evans, Marc Angrand pour le service français)