L'opposition manifeste, appelle à la grève générale au Venezuela

par Andrew Cawthorne et Diego Oré CARACAS (Reuters) - Les partisans de l'opposition vénézuélienne ont manifesté en masse mercredi à travers tout le pays pour demander le départ du président socialiste Nicolas Maduro, ont appelé à la grève générale pour vendredi et menacé de marcher sur le palais présidentiel la semaine prochaine. Mise en rage par le refus du président la semaine dernière de laisser se poursuivre l'organisation d'un référendum révocatoire à son encontre, l'opposition s'est montrée plus agressive ces derniers jours. Nicolas Maduro, largement impopulaire en raison de la grave crise économique qui frappe le pays, accuse de son côté l'opposition de fomenter un coup d'Etat avec l'aide des Etats-Unis. "Ils sont désespérés. Ils ont reçu l'ordre du nord de détruire la révolution vénézuélienne", a déclaré le chef de l'Etat de 53 ans devant ses partisans, reconnaissables à leurs chemises rouges, qui organisaient une contre-manifestation. Après avoir lancé un procès politique contre Nicolas Maduro mardi à l'Assemblée nationale, la coalition d'opposition a organisé des défilés dans tout le pays. "Le gouvernement va tomber!", criait la foule. De nombreux manifestants étaient vêtus de blanc et agitaient le drapeau national. Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu dans plusieurs villes du Venezuela et notamment à San Cristobal dans l'ouest. Les manifestants, le visage masqué, ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre et ont attaqué le siège local de la commission électorale. La ville avait été l'épicentre des violences lors des manifestations contre Maduro en 2014. "GUERRE ECONOMIQUE" Selon les dirigeants de l'opposition, les heurts de mercredi ont fait plusieurs dizaines de blessés. Deux journalistes ont notamment été blessés par balle à Maracaibo, près de la frontière colombienne. Ils ont été hospitalisés. Les dirigeants de la coalition ont appelé à la grève générale pour vendredi. Ils menacent de marcher sur le palais présidentiel à Caracas le 3 novembre si la tenue du référendum de destitution qu'ils réclament n'est pas autorisée d'ici là. Puissance pétrolière, le Venezuela traverse sa troisième année de récession économique et vit à l'heure des pénuries alimentaires et de l'inflation galopante. L'opposition réclame le départ de Nicolas Maduro, qui a été élu de justesse après la mort d'Hugo Chavez en 2013. Elle l'accuse d'être un autocrate incompétent responsable de la crise économique qui frappe le pays. Le président répond que la récession est due à la chute des cours du pétrole et à la "guerre économique" que mènent les Etats-Unis contre le Venezuela. Les forces de sécurité avaient érigé des barrages routiers à l'entrée de Caracas et fermé certaines stations de métro de la capitale mercredi. Cela n'a pas dissuadé l'opposition de manifester en masse. Redoutant des affrontements, de nombreuses entreprises sont restées portes closes et peu de parents ont emmené leurs enfants à l'école. Les manifestations organisées il y a deux ans ont fait 43 morts, dans les rangs de l'opposition et dans ceux des partisans du président Maduro, ce qui fait qu'un certain nombre de Vénézuéliens craignent les manifestations. (Avec Andreina Aponte, Alexandra Ulmer, Corina Pons et Eyanir Chinea à Caracas, Isaac Urrutia à Maracaibo, Mircely Guanipa à Punto Fijo, Anggy Polanco à San Cristobal; Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)