L'opposition fustige la non-indexation des APL

L'opposition a fustigé mercredi le gel des aides personnalisées au logement (APL) acté dans le budget 2018, vu comme une économie de "bouts de chandelle" faite au détriment des ménages les plus modestes, que le gouvernement défend comme une mesure d'équilibre. /Photo d'archives/REUTERS/Gonzalo Fuentes

PARIS (Reuters) - L'opposition a fustigé mercredi le gel des aides personnalisées au logement (APL) acté dans le budget 2018, vu comme une économie de "bouts de chandelle" faite au détriment des ménages les plus modestes, que le gouvernement défend comme une mesure d'équilibre.

Moins d'un an après le tollé déclenché par la baisse généralisée de cinq euros de ces aides, les APL ne seront pas indexées sur l'inflation cette année, a signalé cette semaine la Fondation Abbé Pierre, qui estime le manque à gagner moyen à plus de quatre euros pour les ménages.

"Après avoir dépensé un 'pognon de dingue' pour les plus riches avec l'ISF, l'exit tax et la flat tax, le gouvernement fait les poches de tous les autres, et en premier lieu les plus précaires", estime le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, dans un communiqué.

La fondation Abbé Pierre estime à trois milliards d'euros les économies prévues à terme sur les aides personnalisées (réduction forfaitaire de cinq euros, réduction de loyer solidarité, suppression de l'APL accession et calcul des APL sur la base du revenu en cours dès 2019).

A droite, le député Debout la France Nicolas Dupont-Aignan estime que "la réaction du gouvernement est indécente". "Ce sont des économies de bouts de chandelle", dit l'élu souverainiste.

Au sein des Républicains (LR), le président de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale Eric Woerth condamne une mesure attentatoire au modèle social.

"C'est évidemment une manière de commencer à entamer, voire égratigner, le modèle social. Il ne faut pas prendre cinq euros par cinq euros à des personnes qui en ont besoin, c'est pas le sujet", estime-t-il. ""Là c'est vraiment prendre les choses par le petit bout de la lorgnette. On ne prend pas cinq euros aux gens de cette façon-là. Pour beaucoup ce n'est pas négligeable".

Le gouvernement défend pour sa part une mesure équilibrée face à des aides au logement jugées par nature inflationnistes sur les loyers.

"Il n'y a pas de baisse des APL", a assuré mercredi sur franceinfo le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, reprenant l'argumentation du ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard, qui a distingué non-revalorisation et baisse des aides.

"Dans le parc social, les tarifs des logements des loyers seront gelés eux aussi, tout cela s'équilibre. Cela fait partie de la politique du gouvernement, c'est fait pour s'équilibrer", a-t-il déclaré, en référence au gel des loyers du parc HLM cette année.

(Elizabeth Pineau, avec Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)