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L'opposante biélorusse Tikhanouskaïa se réfugie en Lituanie

VILNIUS (Reuters) - L'opposante biélorusse Svetlana Tikhanouskaïa a rejoint ses enfants en Lituanie, où elle est en sûreté, a annoncé mardi le gouvernement de Vilnius, après deux nuits de heurts à Minsk consécutifs à la réélection contestée d'Alexandre Loukachenko à la tête de l'ancienne république soviétique.

"Svetlana #Tikhanouskaïa est en sûreté. Elle est en #Lituanie", a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie lituanienne Linas Linkevicius.

"Elle se repose avec ses enfants", a précisé à Reuters une porte-parole de son ministère.

L'entourage de l'ex-candidate à l'élection présidentielle s'était inquiété lundi soir de ne pas réussir à la joindre au téléphone après une réunion avec des responsables de la commission électorale à Minsk.

Selon son équipe de campagne, Svetlana Tikhanouskaïa, qui est âgée de 37 ans, a été contrainte de quitter la Biélorussie, une version démentie par l'intéressée et le gouvernement de Minsk.

"J'ai pris cette décision très difficile. C'est une décision que j'ai prise de manière absolument indépendante", a déclaré Svetlana Tikhanouskaïa dans une vidéo postée sur YouTube.

Devant la presse, le ministre lituanien des Affaires étrangères a cependant déclaré que l'opposante semblait avoir été soumise à des pressions du pouvoir biélorusse.

"Elle n'avait guère d'autre choix que de quitter son pays", a dit Linas Linkevicius. "L'autre choix n'était visiblement pas compatible avec sa liberté, elle a donc dû se saisir de la possibilité qui lui était offerte de quitter son pays."

Les autorités lituaniennes ont décidé de lui accordé un visa d'un an et ont mis un logement à sa disposition. Sa sécurité sera également assurée par l'Etat balte.

MANIFESTATIONS RÉPRIMÉES

La Commission électorale centrale de Biélorussie a annoncé lundi que, selon des résultats préliminaires, Alexandre Loukachenko avait recueilli 80% des suffrages lors de la présidentielle de dimanche, contre 9,9% des voix pour sa principale opposante.

Svetlana Tikhanouskaïa, une ex-professeure d'anglais sortie de l'ombre après l'arrestation au mois de mai de son mari, le blogueur Sergueï Tikhanouski, qui briguait la présidence, a refusé de reconnaître ce résultat.

Elle a déclaré à la presse à Minsk qu'elle considérait avoir remporté cette élection, à ses yeux entachée de fraudes massives, et son équipe a demandé un nouveau décompte des bulletins dans les bureaux de vote où des problèmes ont été identifiés.

Des heurts ont opposé dimanche puis à nouveau lundi soir les forces de l'ordre à des manifestants protestant contre la réélection du président sortant, au pouvoir depuis 1994.

Au moins une personne est morte lundi à Minsk dans des affrontements avec la police en manipulant un engin explosif, a déclaré le gouvernement. Des manifestants ont dressé des barricades dans plusieurs quartiers de la capitale biélorusse et jeté des cocktails incendiaires sur les forces de l'ordre.

Les médias locaux ont signalé des incidents dans d'autres villes.

A Bruxelles, la Commission européenne a annoncé mardi qu'elle réexaminait ses relations avec la Biélorussie "en raison des événements malheureux en relation avec l'élection présidentielle de dimanche".

(Andrius Sytas avec Andrei Makhovsky à Minsk; version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Henri-Pierre André)