L'Onu dénonce l'usage excessif de la force en RDC

KINSHASA (Reuters) - Les Nations unies ont condamné mercredi "l'usage excessif de la force" par les forces de sécurité de République démocratique du Congo (RDC) face aux manifestants protestant contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le second et dernier mandat a expiré lundi à minuit. Selon José Maria Aranaz, directeur du Bureau aux droits de l'homme des Nations unies en RDC, au moins 19 personnes ont été abattues et 45 autres blessées par balles depuis cette date lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Les bilans varient d'une source à l'autre et le porte-parole de la police congolaise, Pierre Mwanamputu, a fait état de 21 civils et un policier tués dans l'ensemble du pays où se déroulent des pillages. Les forces de sécurité ont procédé à 275 arrestations, a ajouté le porte-parole, précisant que 116 personnes se trouvaient toujours en détention. "Nous sommes très préoccupés par l'usage excessif de la force par les agents de l'Etat, en particulier la police, la Garde républicaine, la police militaire et l'Agence nationale de renseignement", a déclaré José Maria Aranaz à des journalistes à Kinshasa. Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende avait annoncé mardi un bilan de neuf morts dont un policier, ajoutant que tous les civils tués se livraient à des pillages, alors que l'ONG Human Rights Watch (HRW) a avancé un bilan d'au moins 26 tués. Selon l'ONG congolaise HDH (Humanisme et droits humains), huit personnes ont été tuées et 35 autres blessées mardi et mercredi lors d'affrontements à Lubumbashi (sud), dans le quartier de Katuba. Des centres de soins, des stations-service et des bâtiments publics ont été attaqués par des manifestants et un policier a été blessé, a déclaré l'avocat King Kasongo, qui est membre de HDH. REPRISE DE LA MÉDIATION L'Allemagne a reporté sine die mercredi des négociations sur l'aide au développement en RDC pour dénoncer le maintien au pouvoir du président congolais. Le ministère allemand des Affaires étrangères n'a pas exclu d'autres mesures de rétorsion. La Belgique, l'ancienne puissance coloniale, a fait savoir qu'elle allait "réexaminer" ses relations avec la RDC, et la France a appelé l'Union européenne à faire de même. Les manifestations sont interdites à Kinshasa et dans plusieurs autres grandes villes du pays et de nombreuses personnes ont été interpellées, selon des témoins. Certains habitants de la capitale de 12 millions d'habitants se sont aventurés dehors mercredi mais la circulation automobile, d'ordinaire très dense, était très limitée. Le principal bloc d'opposition congolais s'est présenté à la réunion de médiation avec le pouvoir sous la direction des évêques de l'Eglise catholique de RDC. Jean-Marc Kabund, chef de file de l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), une des formations de l'opposition, a précisé à la presse qu'il n'était venu que pour demander le départ de Joseph Kabila. Lors de son audience hebdomadaire, le pape François s'est adressé aux dirigeants congolais en lançant un appel à la réconciliation et à la paix. (Aaron Ross, Tim Cocks; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)