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L'Onu confirme l'expansion de l'EI en Libye

NATIONS UNIES (Reuters) - L'Etat islamique a accru l'étendue des territoires qu'il contrôle en Libye, indique un rapport annuel présenté au Conseil de sécurité de l'Onu qui note un afflux de combattants étrangers en provenance du Soudan, de la Tunisie et de la Turquie. "L'expansion de l'EI en Libye est de nature à atteindre le niveau d'une ingérence internationale et régionale capable de conduire à une polarisation accrue", notent les experts dans leur rapport. "Par anticipation, l'EI a développé tout un discours nationaliste, se présentant comme le plus solide rempart contre une intervention étrangère", poursuivent les spécialistes. Les djihadistes ont profité du vide sécuritaire laissé par la révolution libyenne de 2011 pour s'implanter dans ce pays où ils compteraient 6.000 combattants, selon des responsables occidentaux. L'an passé, les estimations faisaient état de 2.000 à 3.000 djihadistes en Libye mais le nouveau rapport évoque l'arrivée "d'un nombre important de combattants étrangers" à Syrte qui est devenue le fief local de l'organisation. Les experts estiment toutefois que l'EI n'a pas pu bénéficier dans cette ville d'un accès au système bancaire libyen en raison des dysfonctionnements et de la vétusté de ce dernier. "En conséquence, le contrôle de Syrte n'a pas offert à l'EI un accès aux finances nationales ou au système Swift", forme de coopérative utilisée par les banques pour gérer des demandes de transferts de comptes ou d'autres messages privés. Les constatations de l'Onu confirment les revendications d'un djihadiste présenté comme le nouveau commandant de la branche libyenne de l'EI qui affirme que l'organisation extrémiste devient "de plus en plus forte chaque jour" en Libye. Abdoul Kader al Najdi, décrit dans une interview repérée par le service SITE de surveillance des sites islamistes comme "l'émir chargé d'administrer les provinces libyennes", dit prier pour que le pays nord-africain devienne "l'avant-garde du califat". EXPANSION LIMITÉE DANS D'AUTRES RÉGIONS Il menace également les pays voisins de la Libye en assurant qu'ils ne seront pas en mesure de se défendre contre les attaques djihadistes: "Vous vous protégez des détonateurs avec des boucliers de bambou, et des flots avec une bouée en bois." La Tunisie, où une attaque islamiste a fait plus de cinquante morts lundi à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, vient d'achever une tranchée et une barrière à sa frontière sud pour tenter d'empêcher les infiltrations de combattants djihadistes. Son expansion est en revanche plus limitée dans les autres régions du pays en raison "du nombre de factions et de leurs querelles", déclare Najdi dans cet entretien diffusé par la publication islamiste Al Naba. Les djihadistes ont été pour la plupart chassés de la ville de Derna (est) en juin dernier par des groupes islamistes concurrents et ils ont été la cible d'attaques des forces de sécurité locales à Sabratha (ouest), à la suite d'un raid aérien américain sur un camp d'entraînement présumé en février. Najdi déclare que l'Etat islamique en Libye est "encore jeune" mais ajoute qu'il parvient de mieux en mieux à imposer ses règles religieuses dans les zones qu'il contrôle et que "les provinces de Libye sont devenues la destination des moudjahidine et un sanctuaire pour les opprimés". "Le nombre d'immigrants se multiplie en provenance de toutes les régions malgré les tentatives acharnées de l'Occident pour empêcher leur venue", affirme-t-il. L'émir autoproclamé ajoute que la province libyenne est en "communication constante" avec l'EI en Syrie et en Irak. Le précédent chef présumé de la branche libyenne de l'EI, Abou Nabil, a été tué en novembre dernier dans une frappe américaine sur un faubourg de Derna. (Aidan Lewis; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)