L'Onu appelle les belligérants au Yémen à ouvrir des négociations

GENEVE (Reuters) - Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté mardi les belligérants au Yémen à rechercher un règlement politique au conflit et a demandé à la communauté internationale trois milliards de dollars pour venir en aide à la population civile confrontée à un désastre humanitaire.

Lors d'une conférence sur le Yémen à Genève, il a plaidé pour "un règlement politique négocié", qui est pour lui "la seule solution". "Je demande à toutes les parties de prendre contact sans attendre avec mon nouvel envoyé spécial, Martin Griffiths", a-t-il dit.

"Tous les ports doivent être ouverts à l'aide humanitaire et au trafic commercial, à l'envoi de médicaments, de vivres et du carburant nécessaire pour les distribuer. L'aéroport de Sanaa est également un lien vital qui doit rester ouvert", a ajouté Antonio Guterres.

La guerre au Yémen a fait plus de 10.000 morts en quatre ans et a déplacé deux millions de personnes, conduisant au bord de la famine le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, Abdel-Malek al Mekhlafi, a également souhaité une reprise des négociations. Il a affirmé que son gouvernement travaillait à ouvrir ports et aéroports du pays à l'aide humanitaire.

"Nous devons trouver la meilleure solution, qui est un retour à la table des négociations pour mettre fin à la guerre, pour revenir à un système inscrit dans la durée, appuyé par le peuple yéménite, y compris par les partis putschistes et par ceux qui sont soutenus par la communauté internationale", a ajouté Mekhlafi.

Cette conférence de l'Onu se tient au lendemain d'un bombardement aérien de la coalition arabe sur la ville portuaire de Hodeïda, qui a fait 12 morts, dont sept enfants. Les rebelles houthis ont riposté en tirant un missile sur le sud de l'Arabie saoudite.

Le gouvernement yéménite accuse les insurgés Houthis, appuyés par l'Iran, de faire entrer des armes par Hodeïdah, le port le plus important du pays où arrive la plus grande partie de l'aide internationale.

Lorsque les Houthis ont tiré des missiles en direction de Ryad en novembre dernier, la coalition arabe soutenue par l'Occident a riposté en fermant les aéroports et les ports du Yémen. Ce blocus a ensuite été partiellement levé.

"C'est une guerre qui doit finir, il faut un cessez-le-feu, il faut des discussions de paix, il faut mettre fin à l'embargo sur de nombreux ports yéménites", a déclaré à Reuters Jan Egeland, secrétaire général du Norwegian Refugee Council.

"Mais nous demandons aussi à l'Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis, à l'Iran - qui soutiennent des camps rivaux - et au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, qui gagnent d'énormes sommes d'argent sur les ventes d'armes, de pousser les belligérants à reprendre les négociations", a-t-il ajouté.

(Stephanie Nebehay; Guy Kerivel pour le service français)