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Londres veut un Brexit sans poste-frontière en Irlande du Nord

Aucun poste-frontière ne devrait être rétabli entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, propose le gouvernement britannique dans un document qui sera rendu public mercredi. /Photo prise le 25 avril 2017/REUTERS/Clodagh Kilcoyne

DUBLIN (Reuters) - Aucun poste-frontière ne devrait être rétabli entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, propose le gouvernement britannique dans un document rendu public mercredi. Cette question est l'une des plus complexes des négociations qui se sont ouvertes sur le Brexit car le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, risquerait de fragiliser l'accord de paix ayant mis fin en 1998 à des décennies de violences meurtrières dans la région entre protestants favorables à la tutelle britannique et catholiques nationalistes irlandais. Environ 30.000 personnes franchissent chaque jour sans le moindre contrôle les 500 kilomètres de frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord. Dans le document publié mercredi, le gouvernement britannique prône une délimitation "sans infrastructure frontalière physique ni poste-frontière" en arguant que ses propositions soumises mardi en matière d'accords douaniers permettraient une libre circulation des marchandises. "Les deux parties doivent faire preuve de souplesse et d'imagination dès lors qu'il s'agit de la question frontalière en Irlande du Nord", dit-on dans l'entourage du gouvernement britannique. Commentant le document avant sa sortie, le gouvernement irlandais a indiqué qu'il était "pragmatique" et venait "au bon moment". "Protéger le processus de paix est essentiel et cela ne doit pas devenir un élément de marchandage dans les négociations", a dit un porte-parole du gouvernement de Dublin lors d'une conférence de presse. Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a aussi salué ces mesures, tout en disant attendre d'en savoir plus sur leur mise en oeuvre. "Selon moi, la grande majorité de ces principes reprend les termes que nous avons utilisés (...) ce qui est plus que bienvenue", a-t-il dit aux journalistes. "Bien sûr, on ignore encore comment tout cela va être mis en place." Mais pour le sénateur de l'opposition irlandaise, Mark Daly, ces propositions relèvent davantage de la "fiction". "Ce sera un accord de contrebandier", a-t-il dit à la BBC Radio Four. Bruxelles n'a eu de cesse de répéter que la Grande-Bretagne ne devait pas s'attendre à bénéficier après le Brexit des mêmes avantages que ceux procurés par une appartenance à l'UE. Les responsables européens ont accueilli avec scepticisme mardi les propositions de Londres en matière douanière. (William James et Conor Humphries; avec Estelle Shirbon à Londres,; Bertrand Boucey et Arthur Connan pour le service français, édité par Tangi Salaün)