Londres prône une "entente supérieure" avec Paris sur la Défense

Le Brexit est l'occasion pour Londres de redéfinir sa coopération avec les pays de l'Union européenne en matière de défense, a déclaré lundi le ministre britannique de la Défense, prônant une "entente supérieure" dans ce domaine avec Paris. /Photo prise le 12 juillet 2016/REUTERS/Neil Hall

par Marine Pennetier PALAISEAU, Essonne (Reuters) - Le Brexit est l'occasion pour Londres de redéfinir sa coopération avec les pays de l'Union européenne en matière de défense, a déclaré lundi le ministre britannique de la Défense, prônant une "entente supérieure" dans ce domaine avec Paris. Deux mois après le vote qui devrait entraîner la sortie du Royaume-Uni de l'UE, Michael Fallon a une nouvelle fois assuré que son pays continuerait à jouer un rôle de premier plan en matière de sécurité européenne et a confirmé que ses relations avec ses alliés resteraient inchangées. "Nous quittons l'Union européenne mais les principes de sécurité européenne demeurent", a-t-il dit lors de l'université d'été de la Défense, à l'Ecole Polytechnique, à Palaiseau (Essonne). "Nous allons utiliser le Brexit comme une nouvelle occasion, non pas de reculer, mais d'intensifier, de redéfinir notre relation européenne de défense", a-t-il ajouté. "Personne ne peut mettre en doute le fait que la Grande-Bretagne continuera à jouer un rôle central au niveau de la sécurité mondiale et que la coopération sécuritaire avec nos alliés européens et les autres restera forte", a-t-il poursuivi. "L'histoire a montré que l'isolement n'est pas une option et que notre sécurité est fondamentalement liée au continent". Face aux inquiétudes soulevées par la perspective du départ de l'une des principales puissances militaires - avec la France - de l'Union européenne, Michael Fallon a assuré que Londres renforcerait son engagement dans le cadre de l'Otan et également sa coopération avec l'Allemagne. Mais "par dessus tout, nous souhaitons intensifier notre relation étroite avec la France", liée à la Grande-Bretagne par les traités de Lancaster House de 2010, a-t-il dit. "La Grande-Bretagne et la France bras dessus bras dessous défendant le continent que nous partageons, promouvant nos intérêts dans le monde et protégeant les valeurs que nous chérissons", a-t-il souligné. MAIN DANS LA MAIN "Nous attendons maintenant que vos (avions de combat-NDLR) Rafale et nos Typhoon, que votre (porte-avions NDLR) Charles de Gaulle et notre Queen Elizabeth soient interchangeables (...) dans le cadre d'une entente supérieure", a-t-il ajouté, un clin d'oeil aux accords dits de l'"entente cordiale" signés en 1904 entre Londres et Paris. La Grande-Bretagne est par ailleurs "main dans la main" avec la France sur la question de la liberté de navigation en mer de Chine méridionale, une zone que se disputent plusieurs pays de la région, a souligné Michael Fallon. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a appelé en juin à la mise en place de patrouilles navales européennes afin d'assurer une "présence visible" dans la région. Le Brexit, a poursuivi le ministre britannique, ne remet pas en cause le soutien britannique aux forces armées ukrainiennes, à la mission d'aide aux réfugiés en Méditerranée ni les accords de coopération avec ses alliés d'Europe du nord. "A l'heure où nous négocions notre sortie de l'Union européenne, notre engagement restera intact car la menace terroriste exige une réponse unie", a souligné Michael Fallon. Le Brexit a relancé la question d'une Europe de la Défense, véritable serpent de mer depuis plus d'un demi-siècle, la Grande-Bretagne était une opposante de longue date à ce projet. Trois semaines après le vote et à la veille de l'attentat du 14 juillet à Nice, la France et l'Allemagne ont fait part de leur intention de prendre le leadership sur ce dossier. (Yves Clarisse)