Londres pourra être poursuivi pour faits de torture en Libye

LONDRES (Reuters) - Un ancien chef rebelle islamiste libyen a obtenu jeudi en appel à Londres le droit de poursuivre le Royaume-Uni pour les faits de torture dont il dit avoir été victime à l'époque du colonel Kadhafi après avoir été remis à la Libye par les services secrets britanniques et américains. Abdel Hakim Belhadj, un chef rebelle qui a contribué au renversement de Mouammar Kadhafi en 2011 et qui est aujourd'hui chef du parti libyen Al Watan, explique avoir été enlevé, ainsi que sa femme Fatima qui était enceinte, par des agents de la CIA en Thaïlande en 2004 et avoir été ensuite transféré à Tripoli avec l'aide des autorités britanniques. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis cherchaient à l'époque à resserrer leurs relations avec Mouammar Kadhafi, qui s'était engagé en 2003 à renoncer au terrorisme et à mettre fin à ses programmes militaires chimiques et nucléaires. L'ancien rebelle raconte avoir été torturé toutes ces années jusqu'à sa libération en 2010 tandis que son épouse était également victime de mauvais traitements pendant ses quatre mois d'incarcération. Après la chute de Mouammar Kadhafi, des documents ont été découverts indiquant que les autorités britanniques avaient été en contact avec l'ancien chef des services secrets libyens Moussa Koussa à propos d'Abdel Hakim Belhadj. L'an dernier, la justice britannique avait estimé en première instance que l'action engagée par Abdel Hakim Belhadj en 2011 contre divers services britanniques était irrecevable. Cette décision a été annulée en appel jeudi. Abdel Hakim Belhadj et son épouse vont pouvoir demander des dommages et intérêts à l'Etat britannique qui pourrait toutefois se pourvoir devant la Cour suprême britannique. (Michael Holden; Danielle Rouquié pour le service français)