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Fox et Comcast vont pouvoir batailler pour Sky

par Paul Sandle

LONDRES (Reuters) - Le gouvernement britannique a autorisé mardi Rupert Murdoch à prendre le contrôle de Sky à la condition qu'il respecte sa proposition de céder la chaîne d'information en continu Sky News, ouvrant la voie à une bataille à 22 milliards de livres (25 milliards d'euros) entre Twenty-First Century Fox et Comcast pour le contrôle du groupe européen de télévision payante.

Au terme d'une enquête approfondie des autorités, le gouvernement a estimé que la vente de Sky News à Disney ou à une tierce partie suffirait à lever les inquiétudes sur l'influence de Murdoch au Royaume-Uni, où le magnat américano-australien détient déjà les journaux Times et Sun.

Dans le même temps, le gouvernement ne demandera pas d'enquête approfondie sur la contre-offre de Comcast, a déclaré Matt Hancock, secrétaire d'Etat à la Culture et aux Médias.

Fox, qui détient déjà 39% de Sky, avait offert en décembre 2016 d'en acquérir la totalité au prix de 10,75 livres par action, déclenchant une controverse et l'ouverture d'une enquête de la CMA (Competition and Markets Authority), l'autorité britannique de la concurrence, qui a traîné en longueur.

Le câblo-opérateur Comcast a profité de la situation pour annoncer en février une contre-offre à 12,50 livres par action.

L'action Sky a fini en hausse de 0,30% à 13,57 livres mardi à la Bourse de Londres, signe que les investisseurs attendent de nouveaux rebondissements dans ce feuilleton qui dure depuis 18 mois.

Les analystes de Credit Suisse pensent que Fox, ayant patienté pendant les 16 mois de l'enquête de la CMA, a maintenant les mains libres pour surenchérir.

"De notre point de vue le cours de Bourse de Sky anticipe une telle issue puisqu'il a clôturé le 4 juin à 13,50 livres, soit 8% au-dessus du prix proposé par Comcast", écrivent-ils dans une note publiée avant la clôture de mardi.

Même si Fox l'emporte, le contrôle de Murdoch sur le groupe de télévision ne devrait pas durer longtemps car il a accepté de céder la plupart de ses actifs dans la télévision et le cinéma, dont ses parts dans Sky, à Walt Disney dans le cadre d'un accord séparé de 52 milliards de dollars (45 milliards d'euros).

15 JOURS DE CONSULTATIONS

A l'issue de l'enquête menée par la CMA, Matt Hancock a indiqué que la proposition de Fox de céder Sky News à Disney, ou à un autre éventuel acquéreur, avec son financement assuré pour au moins 10 ans, était le "remède" le plus efficace pour lever les réserves qui avaient été exprimées.

Mais il a ajouté qu'il avait besoin d'être certain que la chaîne d'information en continu resterait financièrement viable sur le long terme, conserverait son rang d'important fournisseur d'information basé au Royaume-Uni et préserverait son indépendance éditoriale.

Pour cela, des consultations auront lieu dans les 15 prochains jours afin de parvenir à un remède acceptable, a-t-il poursuivi.

"J'ai bon espoir que cet objectif soit atteint, compte tenu de la bonne volonté affichée par 21st Century Fox avec les propositions crédibles qui ont été mises en avant", a-t-il dit au Parlement.

Comcast a confirmé sa contre-offre en avril, amenant les administrateurs indépendants de Sky à retirer leur recommandation en faveur de l'offre de Fox.

Hancock a dit mardi qu'il n'interviendrait pas au regard de l'offre du câblo-opérateur, qui selon lui ne pose aucune difficulté au regard de la pluralité de l'information.

Sky a été formé en 1990 par la fusion de Sky Television, jeune entreprise de télévision par satellite créée par Rupert Murdoch, avec sa concurrente British Satellite Broadcasting.

Le groupe est présidé par James Murdoch, fils du fondateur, qui en a fait un important diffuseur européen avec des chaînes à péage en Allemagne, en Autriche et en Italie.

Sky compte près de 23 millions de foyers abonnés, ce qui en fait une cible de choix pour les groupes de médias qui veulent monter en puissance face à la concurrence nouvelle apparue sur internet avec Netflix et Amazon.

Fox s'est félicité des annonces de Matt Hancock et a dit avoir "bon espoir" de parvenir rapidement à un feu vert définitif pour la transaction.

Sky de son côté a pris note de la décision et redit que ses administrateurs indépendants étudieraient les deux offres avec la volonté de servir au mieux les intérêts des actionnaires.

Voir aussi :

BREAKINGVIEWS-UK nod gives Sky suitors licence to overpay

(Véronique Tison pour le service français)