Ce que l'on sait des discussions prévues au Qatar au sujet d'une trêve dans la bande de Gaza

Un sommet de la dernière chance? Des négociations vont être lancées jeudi 15 août à Doha (Qatar) dans l'espoir de trouver un accord sur une trêve dans la bande de Gaza, réclamé avec force par la communauté internationale et les médiateurs sur place .

Israël et le Hamas s'adonnent à une guerre meurtrière depuis plus de 10 mois, depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien du 7 octobre. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

La guerre a plongé la bande de Gaza, assiégée par Israël, dans un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants. L'offensive israélienne menée en représailles sur la bande de Gaza a fait au moins 39.965 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués

· Des pourparlers à l'initiative des pays médiateurs

Les pays médiateurs - le Qatar, les États-Unis et l'Égypte - tentent depuis des mois de parvenir à un accord de cessez-le-feu assorti d'une libération des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien. Ce sont eux qui sont à l'origine de ces nouveaux pourparler à Doha.

· La participation du Hamas encore incertaine

Ces pourparlers se tiendront en présence du directeur de la CIA William Burns, selon une source américaine proche des négociations, ainsi que des chefs du Mossad, le service de renseignement israélien, et du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

À ce stade, la participation du Hamas reste cependant incertaine. Un cadre du mouvement a affirmé mercredi 14 août que "les négociations avec les médiateurs se poursuivaient et se sont même intensifiées", réaffirmant que le Hamas "veut l'application du plan Biden et pas négocier pour négocier".

· Des discussions sur un plan en trois phases

Ces discussions auront pour cadre un plan en trois phases annoncé le 31 mai par Joe Biden et alors présenté comme émanant d'Israël, qui prévoyait, dans un premier temps, une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Joe Biden a assuré qu'il "n'abandonnait pas" cet objectif, bien que les négociations pour une trêve deviennent "difficiles".

· Un contexte d'escalade dans la région

Ce nouveau round de discussions intervient alors que le conflit menace d'embraser la région. L'Iran et ses alliés au Liban, en Irak et au Yémen menacent Israël de représailles armées depuis l'assassinat, le 31 juillet, du chef du Hamas, qu'ils ont imputé à Israël, et celui, la veille, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah libanais, allié du Hamas, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

Depuis lors, les inquiétudes montent quant à une extension du conflit entre le Hezbollah et Israël, jusque-là cantonné au Sud-Liban, au reste du pays et à sa capitale, Beyrouth. Le président américain Joe Biden estime en effet qu'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza pourrait permettre d'éviter une riposte iranienne contre Israël.

Mardi 13 août, l'Iran a rejeté un appel de plusieurs pays occidentaux à renoncer à attaquer Israël. Ses alliés au Liban, en Irak et au Yémen menacent aussi de riposter à ces assassinats. Face au risque d'escalade militaire, Joe Biden et ses homologues de France, d'Italie, d'Allemagne et du Royaume-Uni ont appelé lundi Téhéran à "renoncer à ses menaces d'attaque militaire contre Israël".

· Quelles chances de réussite?

Les médiateurs n'ont jusque-là arraché qu'une seule et unique trêve d'une semaine en novembre dernier. Elle avait permis la libération d'une centaine d'otages israéliens en échange de celle de 240 Palestiniens.

Il n'y a "plus de temps à perdre", a déclaré l'émissaire américain Amos Hochstein mercredi 14 août à Beyrouth, dans l'espoir qu'un cessez-le-feu mette aussi fin aux échanges de tirs entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas et de Téhéran.

L'armée israélienne poursuit pendant ce temps son offensive à Gaza. La Défense civile du territoire a fait état de bombardements sur les villes de Gaza et Beit Lahya, de Deir al-Balah, ainsi que de Khan Younès et Rafah.

Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 - qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne - après l'attaque sur son sol d'octobre dernier. L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir mené plus de 40 frappes aériennes sur des "infrastructures terroristes" à Gaza.

Article original publié sur BFMTV.com