Ce que l'on sait des deux attaques successives à Jérusalem-Est

Deux attaques ont été menées par deux Palestiniens dans la ville israélienne de Jérusalem vendredi soir et samedi matin, faisant sept morts et plusieurs blessés. Ces violences surviennent sur fond de brusque escalade du conflit israélo-palestinien depuis jeudi, après la mort de neuf Palestiniens lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

Les forces israéliennes ont été placées en état d'alerte maximale, alors que les appels à la retenue se sont multipliés en provenance de l'étranger.

· Sept personnes tuées vendredi soir

Vendredi soir, un Palestinien armé a tué par balles sept personnes près d'une synagogue à Jérusalem-Est pendant les prières du shabbat. Cette fusillade est survenue à Neve Yaakov, quartier de colonisation juive à Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte annexée par Israël. L'attaque a eu lieu au soir de la journée mondiale pour la mémoire des victimes de la Shoah.

Le tireur est un Palestinien âgé de 21 ans résident de Jérusalem-Est, qui a ouvert le feu dans la rue vers 20h15 (19h15 heure française), selon la police. "J'ai vu le terroriste arriver en voiture. Il s'est arrêté au milieu du carrefour, a ouvert le feu à partir de sa voiture" et a continué de tirer sur les gens qui s'approchaient pour aider les personnes touchées, a déclaré à l'AFP Shalom Borohov, un barbier de 48 ans habitant près de la synagogue.

L'homme a été abattu. Selon la police, "le terroriste a été neutralisé et déclaré mort" après une course poursuite en voiture et une fusillade avec des policiers. D'après des médias israéliens et palestiniens, il s'appelle Khayri Alqam.

Il s'agit de "l'une des pires attaques que nous ayons subies ces dernières années", a déclaré sur place à la presse le chef de la police israélienne Kobi Shabtai. Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a dit avoir recensé au total dix victimes touchées par balles, parmi lesquelles un homme de 70 ans et un adolescent de 14 ans.

La police a dans les heures suivantes "arrêté 42 suspects pour les interroger, certains font partie de la famille du terroriste", a indiqué la police dans un communiqué. D'autres personnes, parmi les suspects arrêtés, habitent son quartier à Jérusalem-Est, a-t-elle ajouté. Dans un communiqué séparé, la police a indiqué que les forces israéliennes avaient été placées en état de "plus haute alerte".

Cette attaque n'a, pour le moment, pas été revendiquée.

· Une autre attaque menée par un adolescent de 13 ans

Samedi, une autre attaque a eu lieu dans cette ville israélienne. Un père et son fils ont été blessés par balles dans une nouvelle offensive à Jérusalem-Est. L'attaque a eu lieu à proximité du site archéologique de la Cité de David, dans le quartier palestinien de Silwan à Jérusalem-Est, la partie orientale occupée et annexée par Israël, a indiqué la police israélienne.

Les deux blessés sont un homme de 23 ans et un autre de 47 ans touchés "par balles dans le haut du corps", selon le Magen David Adom.

C'est un adolescent âgé de 13 ans, Palestinien originaire de Jérusalem-Est, qui a tiré. Il a été "neutralisé et blessé" par des passants qui détenaient un permis de port d'armes, a déclaré la police israélienne.

Cette attaque n'a pas non plus été revendiquée.

· Regain de la violence sur ce territoire

Les attaques de vendredi et samedi s'inscrivent dans une situation de flambée des violences entre Israël et Palestine.

Un raid israélien jeudi à Jénine ville du nord de la Cisjordanie occupée, avait déjà cette semaine fait craindre un regain de la violence. Neuf Palestiniens ont été tués dans cette incursion et plusieurs personnes ont été blessées. L'armée israélienne a indiqué y avoir mené une "opération de contre-terrorisme" visant des membres de l'organisation Jihad islamique qui, d'après le ministre de la Défense Yoav Gallant, planifiaient une attaque en Israël.

Un dixième Palestinien a été tué jeudi par des tirs israéliens à Al-Ram, près de Ramallah, selon le ministère palestinien de la Santé. En représailles, des roquettes ont été tirées dans la nuit de jeudi à vendredi vers Israël à partir de la bande de Gaza, territoire palestinien sous le contrôle du Hamas depuis 2007.

Israël a répliqué dans la nuit par des frappes aériennes contre ce que l'armée a présenté comme "une usine souterraine de fabrication de roquettes" du Hamas à Gaza. Aucune victime n'a été recensée dans cet échange de missiles.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'était déjà dit vendredi "profondément inquiet de l'escalade actuelle de la violence en Israël et dans les territoires occupés palestiniens". Il "est temps de faire preuve de la plus grande retenue", insiste-t-il dans un communiqué, qualifiant l'attaque de vendredi de "particulièrement abjecte" le jour de commémoration de l'Holocauste.

Mais la situation est loin de s'apaiser sur place: la nouvelle de l'attentat vendredi a été suivie par des scènes de liesse à Ramallah et dans la bande de Gaza par des habitants brandissant des drapeaux palestiniens, selon des journalistes de l'AFP. Tandis que sur les lieux de la fusillade, des dizaines d'Israéliens ont accueilli le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux cris de "Mort aux Arabes !"

L'attaque de Jérusalem "est une réaction naturelle aux crimes de l'occupation (israélienne, ndlr) contre notre peuple palestinien", a ainsi déclaré à Gaza Hazem Qassem, porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas, en rappelant la mort de neuf Palestiniens à Jénine.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, promis samedi soir une réponse israélienne "forte" et "rapide". "Nous ne cherchons pas l'escalade mais nous sommes prêts pour n'importe quel scénario", a-t-il déclaré.

· Appel international au calme

De Washington à Moscou, de nombreux dirigeants étrangers ont dit leur effroi samedi après les deux attaques successives à Jérusalem-Est. L'Autorité palestinienne s'est abstenue de condamner et a jugé qu'Israël était "entièrement responsable de la dangereuse escalade".

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, est attendu pour une visite à Jérusalem et Ramallah en début de semaine pour appeler à la désescalade. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé samedi Israël à n'utiliser la force létale qu'en "dernier recours" tout en dénonçant "l'attentat terroriste effroyable" perpétré vendredi.

L'attentat a été condamné par le président américain, qui a appelé le Premier ministre israélien pour l'assurer de "l'engagement à toute épreuve des États-Unis pour la sécurité d'Israël". La diplomatie russe aussi s'est déclarée samedi "profondément préoccupée" et a appelé toutes les parties à la "retenue maximale".

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est lui déclaré samedi "profondément bouleversé". "Attaquer des fidèles d'une synagogue le jour des commémorations de la Shoah et pendant le shabbat, c'est épouvantable", a tweeté vendredi soir le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly. "Nous sommes aux côtés de nos amis israéliens", a-t-il ajouté.

"Ferme condamnation de cet acte odieux. L'engrenage de la violence doit être évité à tout prix", a également écrit le président français, Emmanuel Macron, samedi sur Twitter. "Dans un contexte de tensions croissantes, nous appelons toutes les parties à éviter des actions susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com