"LOL: qui rit sort" sur Prime, "C'est mon homme" au cinéma... Leïla Bekhti sur tous les fronts
En ce début de mois d'avril, Leïla Bekhti est sur tous les fronts. Alors qu'elle cartonne avec LOL: qui rit sort!, où elle a fait sensation avec son interprétation très personnelle de Tutti Frutti, la comédienne est l'une des héroïnes de Je verrai toujours vos visages, drame de Jeanne Herry sur la justice restaurative (au cinéma depuis le 29 mars).
Elle est aussi de retour au cinéma ce mercredi avec un autre drame intimiste, C'est mon homme, réalisé par Guillaume Bureau. Elle y interprète Julie, une jeune femme qui à la fin de la Première Guerre mondiale croit reconnaître en un homme amnésique son mari disparu pendant le conflit. Mais une autre femme affirme aussi que cet homme est son époux...
Actrice à la carrière éclectique, qui l'a vu aussi bien incarner des super-héroïnes que des militaires, Leïla Bekhti reste malgré tout associée dans l'imaginaire collectif à ses rôles comiques dans Tout ce qui brille, Le Grand bain ou encore La Flamme. "J'ai pourtant l'impression de faire autant de drames que de comédies", souligne-t-elle.
Mais elle assume ces grands écarts: "Ce décalage, c'est toute ma vie. Il faut toujours faire des choses différentes dans la vie. Que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle, j'ai besoin de cet éclectisme. Je m'ennuierais beaucoup si je faisais toujours la même chose. Je prends autant de plaisir à faire Tout ce qui brille que Je verrai toujours vos visages."
Subtilité du jeu
Entre ces deux films, treize ans se sont écoulés. Entre-temps, l'actrice césarisée a prouvé plus d'une fois qu'elle était capable de livrer des prestations d'une grande subtilité dans des drames intimistes peu vus comme Une vie meilleure (2012), L'Astragale (2015), La Lutte des classes (2019), Les Intranquilles (2021) - considérés comme ses meilleurs rôles.
Des films qui lui ont permis de se dépasser en tant que comédienne. "Ces films m'ont appris beaucoup de choses", acquiesce-t-elle. On en voit les fruits dans Je verrai toujours vos visages et C'est mon homme, des films pour lesquels elle a dû puiser en elle des émotions qu'elle avait rarement pu exploiter à l'écran.
Dans ces films, loin de ses personnages du Grand bain ou de La Flamme, qui montent très vite dans les aigus, elle ralentit la cadence et adopte une voix très posée. "Il n'y a rien de plus beau, quand tu joues, d’essayer de faire comprendre ce que tu ne dis pas, de cacher ce que tu ne veux pas qu'on voit", explique-t-elle, avant d'ajouter:
"À chaque film, j'essaye de trouver l'instinct des personnages. C'est très important. Avant, j'avais tendance à mettre beaucoup de moi dans mes personnages. Sauf que je me suis rendu compte grâce à des metteurs en scène qu'il ne s'agissait pas de savoir comment Leïla se serait énervée à la scène 54, mais plutôt le personnage."
Jouer la sensualité
Dans C'est mon homme, Leïla Bekhti joue aussi la sensualité, dans une séquence où revêtue d'une combinaison moulante noire elle tente de séduire celui qu'elle pense être son mari. Une scène rare dans sa filmographie. "Ce n'est pas souvent et en même temps j'adore convoquer l'intime chez les personnages."
"On voit toujours les mêmes scènes au cinéma et là, dans C'est mon homme, c'est très différent. Mon personnage attend son mari depuis tellement longtemps. Elle retrouve son souffle quand elle retrouve cet homme. Il y a une espèce d’attente insoutenable. Quand elle le voit, elle se dit que c’est sa chance et qu'elle ne la lâchera pas."
"Ce que j'ai aimé dans C'est mon homme, c'est ce paradoxe: c’est une grande amoureuse et en même temps tout cet amour va lui faire quelquefois avoir des mauvais comportements. Je ne voulais pas lui trouver des circonstances atténuantes et des excuses. Parfois, elle fait mal les choses. Ça m'a plu de ne pas avoir un personnage lisse."
"LOL, une parenthèse"
De C'est mon homme à La Flamme, en passant par L'Astragale, qui était inspirée de la vie rocambolesque de l'écrivaine Albertine Sarrazin, Leïla Bekhti aime incarner les héroïnes romantiques et insoumises. "L'idée de jouer une grande amoureuse, ça me plaît. L'Astragale, c'était aussi un personnage très déterminé, empli de conviction."
"Le personnage de La Flamme, même s'il est grotesque et comique, je ne veux pas qu'elle soit consciente de sa folie - parce que sinon elle n'est pas vraiment folle. On a beaucoup travaillé sur ça avec Jonathan [Cohen]. Dans les films - que ce soit des drames ou des comédies - je veux aborder les personnages de la même manière: avec du travail."
Elle a abordé la dernière saison de LOL avec le même sérieux. Elle y donne la réplique à plusieurs de ses amis intimes, Géraldine Nakache, Jonathan Cohen ou encore Adèle Exarchopoulos. "Être avec des gens que je connais, qui savent comment me faire rire, ça m'a fait mourir de rire." Et d'ajouter: "C'était une espèce de parenthèse".
"Je vais me faire une collection de peignes"
Après le carton de l'émission, elle risque encore une fois d’être réduite à ses interventions comiques. On lui chantera aussi beaucoup Tutti Frutti. "Comme on me dit beaucoup Maaaaaarc", sourit-elle. "Ce n’est pas grave. Il y a pire. Aujourd’hui, quelqu’un m’a dit qu’il avait passé un sale week-end et que LOL lui avait fait du bien. Ça a fait ma journée."
Le succès de LOL est tel qu'on lui offre désormais des peignes. "On m’a offert un peigne à l'une des avants-premières de C’est mon homme. Il est un marron bordeaux avec des espèces de reflets jaunes. Il est magnifique. Je le garde. Je vais me faire une collection de peignes." Et de lancer un appel: "Ça peut me faire mourir de rire. Je veux des peignes!"
En attendant d'élargir sa collection de peignes, elle sera prochainement dans un autre drame intimiste, La Nouvelle femme de Léa Todorov, et dans les prochaines comédies de Ken Scott (Starbucks) et Anthony Marciano (Play). "J'adorerais faire plus de comédies, mais je ne veux faire que des comédies qui me fassent rire, moi."