Macron dénonce les "mensonges" sur le traité franco-allemand

PARIS/AIX-LA-CHAPELLE, Allemagne (Reuters) - Emmanuel Macron s'en est violemment pris mardi aux auteurs de "mensonges" et de "caricatures" véhiculés notamment par l'extrême droite sur le nouveau traité de coopération franco-allemande, estimant que leurs auteurs se rendaient "complices des crimes du passé".

"Ceux qui oublient la valeur de la réconciliation franco-allemande se rendent complices des crimes du passé", a estimé le chef de l'Etat français lors de la signature du traité à Aix-la-Chapelle, en Allemagne.

"Ceux qui caricaturent ou répandent le mensonge font mal à notre Histoire et à nos peuples qu'ils prétendent défendre en voulant faire bégayer nos Histoires", a-t-il ajouté. "Je préfère regarder en face notre Europe. Elle va mal parfois, nous n'allons pas assez vite de temps en temps mais regardez aussi tout ce que nous avons accompli durant ces décennies passées, durant ces derniers mois et tout ce qui nous attend".

Le traité signé dans la matinée par le chef de l'Etat et la chancelière allemande Angela Merkel affirme la volonté des deux pays de "faire converger leurs économies et leurs modèles sociaux" et de "rapprocher leurs sociétés".

Paris et Berlin s'y engagent notamment à coordonner leurs positions européennes, à approfondir leur coopération en matière de politique étrangère et à faire converger leurs politiques de sécurité et de défense [L8N1ZM22X].

L'annonce de la signature de ce traité a donné lieu depuis plusieurs semaines à une série d'informations dénuées de fondement sur les réseaux sociaux et a été violemment dénoncée par l'extrême droite, le souverainiste et président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan et le député européen Bernard Monot.

"LE PEN SE RIDICULISE", ESTIME LOISEAU

Dans une interview au Temps publiée ce mardi, Marine Le Pen a enfoncé le clou en estimant une nouvelle fois que "converger autant avec l'Allemagne est un abandon de souveraineté, une trahison."

Le leader d'extrême droite et présidente du Rassemblement national (ex-Front national) reprend également la rumeur selon laquelle la France s'apprêterait à partager son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu avec l'Allemagne, une mesure qui ne figure pas dans le traité d'Aix et est formellement démentie par l'exécutif.

"Ce n'est ni envisageable, ni envisagé", a réaffirmé la ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau sur Europe 1 mardi. "Quand on est populiste aujourd'hui, on pense que l'on peut raconter n'importe quoi au peuple et que le peuple le croira".

"A part quelques complotistes pathologiques, personne ne suivra ni Marine Le Pen, ni Nicolas Dupont-Aignan, ni Bernard Monot dans leurs excès", a-t-elle estimé.

Marine Le Pen "se ridiculise", a poursuivi la ministre. "J'ai l'impression qu'elle ne doit pas aller souvent sur le terrain pour dire des énormités pareilles".

"Marine Le Pen est normalement députée française, les informations sur le traité d'Aix-la-Chapelle sont connues de tous les députés", a-t-elle ajouté. "Je dis aussi à Marine Le Pen de parler un peu avec les Alsaciens parce que c'est ce que nous avons fait depuis des mois pour savoir comment est-ce qu'on pouvait améliorer leur situation de frontaliers, comment faire en sorte qu'ils puissent circuler plus facilement, échanger plus facilement, faire plus de commerce, créer plus d'emplois".

(Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)