Publicité

Le gouvernement défend Loiseau à un mois du scrutin

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français a défendu mercredi la tête de liste de La République en Marche (LaRem), Nathalie Loiseau, embarrassée par des révélations de Mediapart sur sa présence passée sur une liste étudiante d'extrême droite, à un mois des élections européennes du 26 mai à valeur de test pour Emmanuel Macron.

"On arrive dans une phase particulière de la campagne où ce n’est pas le plus beau de la politique qui ressort", a déclaré la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, lors du compte rendu du conseil des ministres à l'Elysée. "Quand on connaît Nathalie Loiseau c’est particulièrement insultant que de pouvoir penser qu’elle a pu à un moment donné de sa vie professionnelle et politique épouser les thèses de l’extrême droite".

"Elle a eu dans les 35 dernières années, depuis le moment où elle a été sur cette liste, un parcours de ce point de vue-là exemplaire, elle a combattu sans relâche les idées de l’extrême droite", a-t-elle fait valoir en disant que cela avait "été une erreur de jeunesse que de participer à cette liste sans chercher plus avant qui étaient les colistiers, elle l’a reconnu".

La campagne de Nathalie Loiseau est depuis lundi ébranlée par les révélations de Médiapart qui ont offert une fenêtre de tir à l'opposition, à l'image du président des Républicains Laurent Wauquiez qui a présenté mardi soir l'ex-ministre comme une ancienne "militante d'extrême droite".

Mediapart a rapporté que Nathalie Loiseau, qui se présente comme un rempart au parti de Marine Le Pen, avait figuré en 1984 en position non éligible à Sciences-Po Paris sur une liste de l'Union des étudiants de droite (UED), émanation du GUD, organisation d'extrême droite aux méthodes musclées.

Selon Nathalie Loiseau, Mediapart a repris une information de Minute, ce que le site dément, affirmant avoir contacté l'ancienne ministre en mars sur ce dossier, avant la publication d'un article de l'hebdomadaire d'extrême droite.

"ERREUR DE JEUNESSE", "IDIOTIE"

L'ancienne ministre aux Affaires européennes, qui multiplie les interventions médiatiques pour se défendre, plaide "une erreur de jeunesse", "une idiotie". Elle explique avoir été sollicitée à l'époque par un ami pour figurer sur cette liste.

"A cette époque, il y a des choses qui me choquaient puisque j'apprenais le chinois", a-t-elle dit sur CNEWS, visant implicitement le fondateur de Mediapart Edwy Plenel.

"Ce qui me choquait, c'est tous ceux qui considéraient que les années Mao, avec leurs millions de morts, c'était pas grave, que le génocide des Khmers rouges, c'était pas grave", a-t-elle lancé. "Ce sont les mêmes qui me font un procès aujourd'hui, ce sont les mêmes qui à 20 ans étaient trotskistes ou maoïstes, considéraient que la révolution permettait tout, qu'on pouvait être du côté des terroristes de Septembre Noir".

Le journaliste Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart lancé en 2008, fut militant trotskiste dans les années 70. Il avait contribué, sous le pseudonyme de Joseph Krasny, à l'hebdomadaire de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), écrivant notamment qu'"aucun révolutionnaire ne se peut se désolidariser de Septembre Noir", le groupe palestinien qui avait revendiqué en 1972 l'assassinat de 11 athlètes israéliens durant les Jeux olympiques de Munich.

Nathalie Loiseau a estimé que l'on attaquait ainsi "la liste qui met en difficulté l'extrême droite" pour le scrutin du 26 mai, ajoutant à l'adresse de Mediapart, "un journal que je déteste" : "Parfois, on est l'idiot utile de quelqu'un."

La République en marche occupe pour l'heure la tête des sondages devant la liste du Rassemblement national (RN) conduite par Jordan Bardella.

Sébastien Chenu, porte-parole du RN, a raillé sur franceinfo "l'amateurisme", voire "l'insincérité" de Nathalie Loiseau.

"Lorsque l'on combat l'extrême droite, c'est mieux d'avoir une seule sincérité que plusieurs", a réagi pour sa part sur LCI Jean-Christophe Lagarde, tête de liste de l'UDI.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a déploré une défense "pour le moins confuse".

La candidate a trouvé un soutien en Jean-Pierre Raffarin (ex-LR) qui a estimé sur RTL qu'elle était "victime de la stratégie de l'embrouille." "La clarté, c'est que Mme Loiseau a toujours été dans le bon camp quand l'extrême droite a menacé la République", a dit l'ancien Premier ministre.

(Sophie Louet, Jean-Baptiste Vey et Marine Pennetier, avec Sudip Kar-Gupta, édité par Yves Clarisse)