L'OIAC impute trois attaques chimiques au régime de Damas

AMSTERDAM (Reuters) - L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a pour la première fois imputé, dans un rapport publié mercredi, la responsabilité de trois attaques menées dans l'ouest de la Syrie en mars 2017 à des unités de l'armée syrienne.

Jusqu'à présent, l'organisation basée à La Haye avait été seulement autorisée à confirmer qu'une attaque chimique avait bien eu lieu sans toutefois avoir le feu vert pour en identifier les auteurs.

En 2018, à l'issue d'un bras de fer diplomatique et en dépit de l'opposition de la Syrie et de la Russie, les Etats membres de l'OIAC ont finalement octroyé à une nouvelle équipe d'enquêteurs le pouvoir de désigner les utilisateurs d'armes chimiques.

"Il y a des motifs raisonnables de croire que les auteurs de l'utilisation du sarin comme arme chimique à Latamné les 24 et 30 mars 2017 et de l'utilisation du chlore comme arme chimique le 25 mars 2017 étaient des individus appartenant à l'Armée de l'air arabe syrienne", a indiqué le coordinateur de cette équipe, Santiago Onate-Laborde, dans un communiqué.

"Des attaques d'une telle nature stratégique n'auraient pu être commises que sur ordre des plus hautes autorités du commandement militaire de la République arabe syrienne", a-t-il ajouté.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de la représentation syrienne au siège new-yorkais des Nations unies et aucune réaction du gouvernement syrien à Damas n'a été signalée.

La Russie, alliée de Bachar al Assad, n'a pas répondu non plus aux sollicitations de l'agence Reuters.

Aux Etats-Unis, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a estimé dans un communiqué que les conclusions de ce rapport représentaient "les dernières en date dans une masse importante et croissante de preuves que le régime Assad recourt à des attaques chimiques en Syrie dans le cadre d'une campagne délibérée de violences contre le peuple syrien".

Le ministère français des Affaires étrangères a réitéré sa "ferme condamnation de tout emploi d'armes chimiques en toutes circonstances". "Il revient à présent aux membres de la communauté internationale d'agir, dans les enceintes multilatérales pertinentes, et de tirer les conséquences des conclusions de ce rapport", ajoute le Quai d'Orsay dans un communiqué.

Selon le rapport de l'équipe d'identification et d'enquête, la 50e brigade syrienne de la 22e division aérienne de l'armée de l'air syrienne a largué des bombes M4000 contenant du sarin et un cylindre contenant du chlore sur un hôpital.

Les raids, qui ont affecté au total plus de 100 personnes, ont été menés depuis les bases aériennes de Sharat et Hama, précise le rapport remis aux 193 Etats membres de l'OIAC.

Il revient désormais aux Etats membres, au secrétaire général de l'Onu et à la communauté internationale de prendre "toute mesure qu'ils jugeraient appropriée et nécessaire", a estimé le chef de l'OIAC, Fernando Arias.

La Syrie et la Russie, qui appuie politiquement et militairement le régime du président Bachar al Assad, ont toujours démenti avoir eu recours à des armes chimiques dans leurs combats contre les opposants au régime et aux groupes djihadistes.

(Anthony Deutsch, version française Marine Pennetier, édité par Henri-Pierre André)