Loi "Big Brother" : pourquoi cette nouvelle réglementation imposée aux touristes fait polémique en Espagne
Depuis le 2 décembre, une nouvelle réglementation oblige les professionnels du tourisme en Espagne à fournir de nombreuses informations sur leurs clients aux autorités.
Les touristes sont-ils encore les bienvenus en Espagne ? Alors qu’à Barcelone, aux Canaries ou en Andalousie la colère monte contre le surtourisme, le pays vient d’instaurer une nouvelle réglementation qui suscite un vif débat de l’autre côté des Pyrénées. Depuis le 2 décembre dernier, la "loi Big Brother", comme elle est surnommée, impose aux professionnels du tourisme en Espagne de récolter des dizaines d’informations personnelles auprès de leurs clients, rapporte La Dépêche du Midi.
Jusqu’à 60 informations différentes !
Dans le décret, il est écrit que les touristes doivent fournir des renseignements sur leur identité, leur sexe, leur adresse personnelle, leur numéro de téléphone et leurs moyens de paiement. Doivent aussi figurer leur nationalité, leurs dates de séjour, leur adresse électronique et le nombre de personnes qui participent au voyage. Si des mineurs voyagent avec eux, le lien qui les unit doit être précisé. Au total, un touriste qui loue une voiture en Espagne devra renseigner pas moins de 60 types d’informations. De quoi effrayer les plus motivés.
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Concrètement, cette loi oblige les agences de voyages, les hôtels et les loueurs de voitures à collecter et à transmettre aux autorités, des quantités massives de données sur leurs clients. Avec ces nouvelles mesures très strictes, nos voisins espagnols entendent renforcer la sécurité du pays, notamment en luttant plus efficacement contre le terrorisme et le crime organisé. Problème : cette loi expose également les citoyens à des risques potentiels d'exploitation de leurs données personnelles en cas de cyber-attaques.
Les touristes vont-ils l'accepter ?
Les professionnels du tourisme sont évidemment vent debout contre cette nouvelle réglementation. Ils s’insurgent contre une charge administrative nouvelle et s’inquiètent d’une loi contre intrusive qui pourrait effrayer les touristes. Cette mesure pourrait aussi ternir l’image de la deuxième destination touristique mondiale, derrière la France. L’Association européenne des agents de voyage et des voyagistes (Ectaa) a exprimé sa vive inquiétude face à cette nouvelle réglementation, mettant en garde contre ses graves répercussions sur le marché européen du tourisme et la protection des données personnelles des voyageurs.
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En 2023, l’Espagne a accueilli 85,1 millions de visiteurs étranger sur son sol et le secteur du tourisme représente plus de 12% du PIB. Ce flicage en règle des touristes ajouté aux actions anti-touristes dans de nombreuses régions aura-t-il des conséquences sur la fréquentation touristique ? Rendez-vous au printemps prochain pour le début de la saison touristique 2025.