La loi « bien vieillir » revient (enfin) à l’Assemblée, mais sans cette promesse de Macron
POLITIQUE - Bâton de vieillesse. L’Assemblée nationale examine, ce lundi 20 novembre, la proposition de loi « bien vieillir » du camp présidentiel. Un texte dont l’examen en première lecture avait débuté au printemps dernier avant d’être interrompu à deux reprises en avril puis en juillet.
Au programme : un dispositif permettant de mieux signaler les cas de maltraitance, une carte professionnelle pour les aides à domicile censée « faciliter leur travail au quotidien » ou encore l’inscription dans la loi du droit de visite dans les Ehpad.
Autant de points qui doivent constituer le premier étage de la fusée d’une stratégie plus ample concernant les personnes âgées. Car ce texte, plusieurs fois reporté, ne correspond pas encore à la promesse d’Emmanuel Macron d’une loi fondatrice sur le « grand âge. » Ce projet, réclamé par les professionnels et les parlementaires, lui aussi maintes fois repoussé, même abandonné, vient d’être ressuscité par Aurore Bergé. Mais pour plus tard.
Bergé « s’engage » à ce que la promesse voie le jour
« J’ai entendu la demande des parlementaires, ils ont raison, il faut une loi de programmation sur le grand âge. Je m’engage à ce qu’elle voie le jour », a ainsi expliqué la ministre des Solidarités vendredi 17 novembre dans un entretien publié dans les colonnes de La Croix.
Ce texte, dont on ne connaît pas encore le calendrier, « fixera un cadre, des objectifs à atteindre d’ici à 2030 et des modalités de financement. » Il permettra, ainsi, de « se doter d’une trajectoire pour relever le défi démographique » du vieillissement de la population française, toujours selon les mots d’Aurore Bergé.
Promis par Emmanuel Macron au début de son premier quinquennat, ce fameux projet « grand âge » devait à la base donner davantage de moyens au secteur, revaloriser des métiers qui peinent à recruter et préparer la France à affronter la hausse du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie. Rien de moins. Mais que restera-t-il de ces ambitions dans le texte final ?
Aurore Bergé a donné quelques pistes en fin de semaine dernière, en dévoilant également les contours de la stratégie interministérielle sur le « bien vieillir ». Pour le long terme. Le gouvernement veut par exemple permettre aux seniors d’adapter leur logement pour y rester le plus longtemps possible, grâce à une prime, dite « prime adapt ». Il propose également de refondre le système de services d’aides à domicile, et de sortir « de la logique de la tarification à l’heure ».
Les acteurs échaudés par les reports
Un paquet de mesures, pour la plupart déjà annoncées ou amorcées, qui vise notamment à « prendre en compte de nouveaux besoins », selon le ministère des Solidarités. De quoi convaincre les acteurs et les principaux concernés ?
Les réactions à cette stratégie à trois coups, au moins, sont pour l’instant mitigées. Le directeur général de la fédération qui représente les services d’aide à domicile, Hugues Vidor salue sur X « une volonté affirmée de faire bouger les lignes ». Même tonalité du côté des représentants des Ehpad : des « annonces prometteuses » pour les établissements privés. « Fortes », pour la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui représente les Ehpad publics.
D’autres acteurs, en revanche, semblent échaudés par les reports successifs, et demandent avant tout des actes à l’exécutif. Les Ehpad associatifs regroupés au sein de l’Uniopss saluent « quelques avancées » mais regrettent « trop d’inconnues ». De même, Yann Lasnier, délégué général de l’association des Petits frères des pauvres, déplore qu’il n’y ait « rien de concret » parmi les mesures présentées.
Côté politique, la gauche est encore plus offensive. Le député socialiste Jérôme Guedj, par exemple, spécialiste des questions liées au grand âge critique sur X un « catalogue imprécis de mesures existantes pour la plupart, sans financement nouveau ». Une réaction qui laisse entrevoir des débats engagés à l’Assemblée nationale.
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