L'Occident demande à Pékin de fermer ses camps d'internement d'Ouïghours

Plusieurs pays occidentaux, dont la France, l'Allemagne et les Etats-Unis, ont appelé mardi la Chine à fermer ses camps d'internement où, selon des opposants, plus d'un million d'Ouïghours et autres musulmans sont détenus. /Photo prise le 6 novembre 2018/REUTERS/Denis Balibouse

GENEVE (Reuters) - Plusieurs pays occidentaux, dont la France, l'Allemagne et les Etats-Unis, ont appelé mardi la Chine à fermer ses camps d'internement où, selon des opposants, plus d'un million d'Ouïghours et autres musulmans sont détenus.

La Chine a rejeté les critiques occidentales concernant de telles détentions massives, les jugeant "grandement éloignées de la réalité".

"Nous n'accepterons pas les accusations biaisées, motivées par des considérations politiques, lancées par quelques pays", a déclaré Le Yucheng, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève.

Lors d'un débat au Conseil des droits de l'homme, qui rend compte tous les cinq ans des violations présumées dans chaque Etat membre et passait en revue mardi le cas de la Chine, Pékin a assuré que les autorités chinoises garantissaient les libertés des 55 minorités ethniques du pays.

L'un après l'autre, pourtant, les pays occidentaux se sont élevés contre ce qu'ils disent être la dégradation des droits de l'homme en Chine depuis l'examen précédent du cas chinois, notamment pour ce qui est des musulmans du Xinjiang, région autonome de l'ouest de la Chine, qui compte une population ouïghoure (turcophone).

"Nous sommes alarmés par l'accentuation de la répression chinoise contre les Ouïghours, les Kazakhs et autres musulmans dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang", a déclaré le chargé d'affaires américain Mark Cassayre.

Les Etats-Unis demandent à la Chine "d'abolir toute forme de détention arbitraire, dont les camps d'internement du Xinjiang, et de libérer immédiatement les centaines de milliers, peut-être les millions d'individus détenus dans ces camps", a-t-il ajouté.

Les autorités chinoises doivent libérer des opposants comme Wang Quanzhang, Ilham Tohti et Huang Qi, a dit Mark Cassayre.

Pékin doit en finir avec les emprisonnements massifs et garantir la liberté de culte, y compris au Tibet et au Xinjiang, a demandé l'ambassadeur de France, François Rivasseau.

Une commission d'experts des Nations unies sur les droits de l'homme a déclaré le 10 août avoir reçu de nombreuses informations crédibles faisant état d'un million d'Ouïghours détenus en Chine dans ce qui ressemble à des "camps d'internement massifs nimbés de secret".

Plusieurs centaines de Tibétains et d'Ouïghours venus de plusieurs pays d'Europe ont manifesté devant le siège des Nations unies à Genève au moment du débat mardi sur les droits de l'homme en Chine. Ils brandissaient des pancartes frappées des slogans: "STOP au nettoyage ethnique chinois des Ouïghours" et "Le Tibet meurt, la Chine ment!"

(Stéphanie Nebehay; Eric Faye pour le service français)