Livres d’automne #1 – La nation Champagne
« Nul ne choisit son lieu de naissance. J'ai eu la chance de naître au Mesnil-sur-Oger, un petit bourg assez compact, étagé sur le flanc d'une colline plantée en vignes et calottée par la forêt, au cœur de la Côte des Blancs. » Daniel Rondeau, aujourd'hui académicien, peut-être le seul de cette prestigieuse réunion à être passé par la Gauche prolétarienne, groupuscule maoïste des années 1970, a fait ses premiers pas dans la cour de l'école du Mesnil. « Mes parents, Antoinette et Martial Rondeau, étaient instituteurs et logeaient au-dessus de leurs classes. La guerre était terminée depuis peu, le rationnement se prolongeait, la disette ne nuisait pas à la joie, ils venaient de se marier et partageaient la même passion d'enseigner. »
Il ne faut pas s'attendre à un ouvrage sur le vin. Évidemment, il en parle. Il l'adore. Mais ce livre est avant tout une ode à sa région où la joie côtoie le malheur. « À 10 ans, je collais déjà mon visage contre les vitres sales de l'ossuaire de Douaumont. » Et, à 17, il guide les touristes dans les kilomètres de caves de la maison Moët et Chandon à Épernay, au milieu des trésors que renferment des millions de bouteilles parfois très anciennes. Nous avons eu la chance de déguster une fois un 1914 délicieux, dont le chef de cave précisait qu'il avait été vendangé par les femmes ; les hommes étaient au front.
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