L'Ivoirienne Simone Gbagbo jugée pour crimes contre l'humanité

L'ancienne première dame de Côte d'Ivoire, Simone Gbagbo, a de nouveau comparu devant la justice de son pays mardi, cette fois pour répondre d'accusations de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre lors de la guerre civile de 2011. /Photo prise le 31 mai 2016/REUTERS/Joe Penney

ABIDJAN (Reuters) - L'ancienne première dame de Côte d'Ivoire, Simone Gbagbo, a de nouveau comparu devant la justice de son pays mardi, cette fois pour répondre d'accusations de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre lors de la guerre civile de 2011. Le procès de l'épouse de l'ex-président Laurent Gbagbo, déjà condamnée l'an dernier à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", s'est ouvert à Abidjan suite au rejet par les autorités ivoiriennes de la demande d'extradition formulée par le Cour pénale international (CPI) de La Haye. Laurent Gbagbo est lui-même jugé devant la CPI pour son rôle dans la guerre civile qui avait suivi son refus de reconnaître la proclamation de la victoire d'Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle, fin 2010. Le conflit, auquel la France a mis fin en intervenant militairement, a fait environ 3.000 morts. Simone Gbagbo, qui est incarcérée depuis sa condamnation en mars 2015, confirmée la semaine dernière après le rejet de son recours par la cour de cassation, a été accueillie au tribunal par des dizaines de ses partisans. L'accusation entend démontrer que l'ex-première dame faisait partie d'un petit groupe de dirigeants du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, qui a décidé d'orchestrer des violences contre les partisans d'Alassane Ouattara pour assurer le maintien au pouvoir de l'ancien chef de l'Etat. "Le FPI a mis en place en janvier 2011 une cellule de crise qui s'est réunie à la résidence présidentielle et a constitué l'organe chargé de planifier et d'organiser la répression", lit-on dans l'acte d'accusation. Simone Gbagbo n'a pas pris la parole mardi devant le tribunal mais, selon l'acte d'accusation, elle a rejeté ces charges pendant l'enquête et nié l'existence d'une cellule de crise à la présidence. Alassane Ouattara a refusé l'extradition de Simone Gbagbo vers La Haye en expliquant que la justice ivoirienne était parfaitement capable de la juger, malgré les critiques des défenseurs des droits de l'homme et des observateurs sur le manque d'éléments présentés lors de son précédent procès. L'ouverture de son procès intervient au lendemain de la condamnation à la prison à vie de l'ex-président tchadien Hissène Habré pour crimes contre l'humanité par un tribunal spécial africain au Sénégal. (Ange Aboa; Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)