Liverpool, la crème anglaise

LIGUE DES CHAMPIONS – Cette saison, le jeu pratiqué par les Reds fait passer un joli frisson sur la nuque des amateurs de ballon rond. Un football survitaminé souvent identifié aux performances du trident offensif maison. Si le dynamique trio aimante à juste titre les regards, il ne doit pas faire oublier le gros travail effectué par le reste de l’équipe de Jürgen Klopp. Un effectif au sein duquel l’anglais n’est pas une deuxième langue…

Les Reds prêts à défier Rome
Les Reds prêts à défier Rome

Anfield, le 4 avril dernier. Le coup de sifflet final n’a pas encore retenti que déjà le peuple de Liverpool fête ses héros. Et on le comprend : en trente minutes à peine et trois buts cliniques, les Reds ont disséqué des Citizens joueurs, mais dépassés par le rythme imprimé par les locaux. Si, en bon manieur de scalpel, l’inévitable “Fab Three” s’en est donné à cœur joie et a accaparé une bonne partie de la lumière, la dextérité chirurgicale du trio infernal ne saurait occulter l’énorme abattage d’un effectif rouge loin d’être composé de seconds couteaux. Des lames de grande qualité qui présentent au surplus la particularité d’être estampillées “made in England”.

Depuis le début de la saison, Jürgen Klopp a pris l’habitude de coucher quatre à cinq noms à consonance british sur sa feuille de match. Une rareté, dans un pays d’ordinaire friand de produits d’importation, qui participe de la singularité de l’ADN du groupe et qui, à en juger par les performances affichées par les pur-sang anglais sélectionnés par l’ancien entraîneur de Dortmund, a tout d’un pari gagnant. Le technicien allemand ne peut en effet que se réjouir de leur rendement actuel.

Jeunes pousses et locavorisme

A commencer par celui de James Milner. Véritable moteur éclectique du milieu de terrain liverpuldien, dont il occupe avec un égal bonheur tous les postes, L’ex de City poursuit sous le maillot rouge l’œuvre au noir entamée à Leeds il y a bientôt 15 ans. Pièce indispensable à l’équilibre du bloc équipe, Milner s’est mué sous les ordres de Klopp en un couteau suisse tranchant, tout aussi capable de presser les milieux adverses que de fluidifier le jeu des Reds. Le tout effectué avec une étonnante régularité, et agrémenté de quelques précieux caviars – avec 8 “assists”, le n°7 de Liverpool est aujourd’hui le meilleur passeur de C1.

Un appétit pour les gestes décisifs que semble avoir retrouvé Oxlade-Chamberlain. Indésirable à Arsenal, le natif de Portsmouth a retrouvé du temps de jeu sur les bords de la Mersey (31 rencontres disputées), et a prouvé à l’occasion des quarts de finale de la Ligue des Champions face à City qu’il n’avait rien perdu de son explosivité et de sa qualité de finition.

Limiter l’apport des éléments britanniques de l’effectif de Liverpool à l’abattage du taulier de service et au retour en force de l’ancien Gunner est toutefois un peu court. Surtout, cela ne rend pas grâce au travail d’incorporation des jeunes pousses maison fourni par Jürgen Klopp cette saison. En bon pépiniériste, le manager des Reds n’a en effet pas hésité à intégrer dans sa rotation des joueurs tout juste en âge d’aller flamber leur salaire en boîte de nuit. A l’image de Ben Woodburn (18 ans, 7 apparitions), Joseph Gomez (20 ans, 33 apparitions) ou encore le Dominicain Solanke (20 ans, 30 apparitions).

Symbole de cette cure de jouvence aux couleurs de l’Union Jack, Alexander-Arnold a démontré lors de la double confrontation face aux Sky Blues toutes les vertus du locavorisme. Pas dupe des arabesques de Leroy Sané – surtout à l’aller -, présent dans les airs, agressif au pressing, aussi à l’aise dans son couloir droit que son alter ego à gauche Andrew Robertson, ce pur produit de Liverpool parle couramment le Klopp, à 19 ans à peine. Une langue que les locuteurs anglais manipulent manifestement avec aisance. Prochain cours à Anfield, mardi soir.

Olivier Saretta