L'Italie inquiète de nouveau, l'euro baisse

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes hésitent vendredi à mi-chemin d'une séance animée une nouvelle fois par la situation politique italienne, qui fait baisser l'euro et assure un soutien aux actions, tandis que Wall Street est attendue dans le vert malgré les incertitudes sur les discussions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,06% à 5.625,22 points vers 10h50 GMT après avoir atteint un nouveau plus haut depuis décembre 2007 à 5.643,15 mais à Francfort, le Dax cède 0,05% et à Londres, le FTSE 100 recule de 0,15%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 0,16%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,18% et le Stoxx 600 de 0,15%.

La Bourse de Milan chute encore de 1,16%, plombée notamment par le secteur bancaire (-2,46%) alors que le rendement de la dette italienne à dix ans a atteint, à plus de 2,21%, son plus haut niveau depuis octobre.

Les investisseurs ont mal accueilli la publication de l'accord de gouvernement entre la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles (M5S), les deux partis en passe de former un gouvernement, qui n'évoque certes pas une sortie de l'euro ou un effacement partiel de la dette publique mais envisage entre autres une réforme en profondeur de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les société ainsi que l'instauration d'un revenu universel mensuel de 780 euros.

Ces détails ont déclenché un nouvel accès de faiblesse de l'euro, retombé sous 1,18 dollar pour se rapprocher du plus bas de l'année touché mercredi à 1,1761 alors qu'il avait auparavant bénéficié de la hausse plus marquée qu'attendu des prix à la production en Allemagne en avril.

La monnaie unique, en repli de 1,3% depuis lundi matin, s'achemine ainsi vers une cinquième semaine consécutive de baisse face au dollar, du jamais vu depuis 2015.

Le billet vert, lui, prend 0,14% face à un panier de devises de référence, contre lequel il a inscrit un nouveau plus haut de cinq mois.

La vigueur du dollar pénalise d'une part les matières premières comme l'or (-0,26%) ou le cuivre (-0,72%), d'autre part les marchés émergents, dont l'indice MSCI cède 0,14%, portant à près de 1,9% son recul sur la semaine.

UBISOFT AU PLUS HAUT, RICHEMONT SANCTIONNÉ

Les contrats à terme sur les principaux indices américains préfigurent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,3% environ, qui effacerait les pertes subies jeudi.

En l'absence d'indicateurs économiques et de publications de résultats de premier plan aux Etats-Unis, les investisseurs américains pourraient se concentrer sur l'évolution des discussions commerciales entre Washington et Pékin.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a démenti que la Chine ait proposé aux Etats-Unis une série de mesures permettant de réduire de 200 milliards de dollars le déficit commercial américain.

Aux valeurs en Europe, Ubisoft gagne 5,37%, la plus forte hausse du Stoxx 600, et a inscrit un nouveau record au lendemain de ses résultats annuels, supérieurs aux attentes.

La séance est moins faste pour Vivendi (-0,52%) après ses trimestriels, en l'absence de précision sur ses intentions concernant Universal Music Group (UMG), sa filiale de musique, candidat potentiel à une entrée en Bourse.

Le secteur du luxe souffre quant à lui du chiffre d'affaires annuel inférieur au consensus du suisse Richemont, le propriétaire de Cartier entre autres. Le titre Richemont cède 5,05% et dans son sillage, Swatch Group abandonne 1,2%.

Parmi les autres reculs marquants du jour, AstraZeneca recule de 2,4% après la publication d'un bénéfice trimestriel réduit de près de moitié sur un an.

La plus forte baisse sectorielle est pour le compartiment des télécoms (-1,50%), pénalisé notamment par le repli de 3,33% d'Altice au lendemain d'un bond de 12,36% et par le recul de 2,03% de Telecom Italia (-2,03%).

Le marché pétrolier est en légère hausse mais le Brent reste sous le seuil des 80 dollars le baril franchi jeudi; il s'achemine vers une sixième semaine consécutive de hausse. Barclays a relevé ses estimations de cours moyens pour 2018, de 63 à 70 dollars pour le Brent et de 60 à 65 dollars pour le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI), qui s'échange vendredi à 71,55 dollars.

(Édité par Patrick Vignal)