L'Italie en récession lance de nouvelles réformes

par Isla Binnie ROME (Reuters) - L'Italie a subi coup sur coup vendredi la confirmation de sa rechute en récession et l'annonce de la première baisse des prix à la consommation depuis 55 ans, deux nouveaux signes de faiblesse économique qui soulignent l'urgence des réformes initiées par le président du Conseil, Matteo Renzi. Ce dernier a promis de relancer la troisième économie de la zone euro après plus de dix ans de stagnation. Le nouveau paquet de réformes dévoilé vendredi porte entre autres sur la simplification des processus d'appels d'offres publics et celle du système judiciaire. Il a réaffirmé que Rome tiendrait ses engagements en matière de maîtrise des déficits publics mais il a ajouté souhaité la tenue le 6 octobre d'un sommet extraordinaire de l'Union européenne consacré aux moyens de favoriser la croissance. "La situation en Europe est réellement préoccupante", a dit le chef du gouvernement à la sortie du conseil des ministres. Parmi les chantiers ouverts au niveau national par le gouvernement Renzi figure aussi la réorganisation du secteur des services aux collectivités, des mesures fiscales devant favoriser les privatisations et la consolidation de ce marché très éclaté. Le produit intérieur brut (PIB) italien s'est contracté de 0,2% au deuxième trimestre, en raison notamment d'une chute des investissements qui a précipité le retour du pays en récession, ont montré les statistiques officielles publiées vendredi. "Depuis 20 ans, sinon plus, notre pays vit au-dessus de ses moyens, il a besoin d'un coup de fouet", a déclaré Giorgio Squinzi, le président de la Cofindustria, la principale organisation patronale d'Italie, lors d'une conférence à Rimini. "Les gens qui nous gouvernent doivent prendre des décisions, même si elles sont douloureuses, pour nous permettre de renouer avec la croissance", a-t-il ajouté. LES PRIX BAISSENT, L'INVESTISSEMENT AUSSI Outre les chiffres de la croissance, l'institut Istat a annoncé que les prix à la consommation avaient reculé de 0,1% en août en rythme annuel, du jamais vu depuis le début de la série statistique en 1959, attisant ainsi les craintes de voir la Péninsule s'enfoncer dans la déflation, une spirale néfaste pour la demande intérieure. L'Italie était sortie de la récession au quatrième trimestre de l'an dernier avec une croissance de 0,1% mais elle avait renoué avec la contraction dès les trois premiers mois de cette année. En rythme annuel, le PIB a baissé de 0,2% sur avril-juin, a précisé l'Istat tout en soulignant que la consommation des ménages avait apporté une contribution positive à l'évolution du PIB au deuxième trimestre, de 0,2 point, après 11 mois consécutif d'évolution négative en rythme annuel. Cette bonne tenue de la consommation n'a toutefois pas suffi à compenser une chute de 2,1% de l'investissement. De même, la progression de 1,9% des exportations a été compensée par une augmentation de 2% des importations. Matteo Renzi a souligné qu'une baisse des salaires n'était pas la solution pour sortir de la crise. L'une des priorités affichées du gouvernement est la lutte contre le chômage qui a atteint 12,6% en juillet selon les chiffres publiés vendredi. Chez les jeunes, le taux de chômage, qui avait inscrit un plus haut historique en juin, a légèrement reculé le mois dernier mais reste à 42,9%. "Nous perdons encore 1.000 emplois par jour", a déclaré Luigi Angeletti, le secrétaire général du syndicat UIL. "L'économie réelle a besoin d'un gouvernement qui agisse vraiment au lieu de prétendre qu'il agit." L'Istat prévoit pour l'instant une stagnation du PIB au troisième trimestre et une poursuite de la baisse des prix pendant plusieurs mois avant une remontée à la fin de l'année. (avec Paolo Biondi à Rimini,; Nicolas Delame et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)