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L'Italie décide de l'avenir de Renzi lors d'un référendum

par Gavin Jones ROME (Reuters) - Les Italiens votaient ce dimanche pour un référendum constitutionnel dont l'enjeu dépasse largement la simple réforme des institutions voulue par Matteo Renzi. Le président du Conseil a lié son destin au résultat du scrutin et une victoire du "non" pourrait provoquer sa chute, ouvrir une nouvelle période de chaos politique en Italie et déstabiliser le fragile secteur bancaire de la péninsule. Au-delà, c'est même la zone euro dans son ensemble qui risque de plonger dans une nouvelle crise d'autant que les Autrichiens pourraient simultanément ébranler un peu plus l'édifice européen en élisant pour la première fois dans l'Union européenne un chef d'Etat issu de l'extrême droite. Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 (06h00 GMT) pour accueillir les quelque 51 millions d'électeurs appelés à se prononcer sur le projet de Matteo Renzi visant à réduire drastiquement les pouvoirs du Sénat et à ramener un certain nombre de prérogatives des régions vers l'Etat. Le président du Conseil, qui est membre du Parti démocrate (centre gauche), a voté en milieu de matinée à Pontassieve, sa ville de Toscane, mais il n'a fait aucune déclaration. A midi (11:00 GMT), le taux de participation s'élevait à 20%, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. C'est plus que les 17% enregistrés à la même heure en mai 2014, lors des élections européennes. La participation finale, qui devrait se situer entre 50 et 60%, pourrait s'avérer cruciale. Une participation faible, estiment les sondeurs, pourrait favoriser Matteo Renzi, car l'hostilité à ses réformes est la plus forte chez les jeunes et chez les électeurs du Mezzogiorno, soit dans des catégories qui le plus fréquemment ne se mobilisent pas. Un taux supérieur à 60% pourrait rendre lui aussi l'issue imprévisible, car il laisserait entendre que de nombreux électeurs ayant manifesté l'intention de s'abstenir se sont finalement rendus aux urnes. FRAGILISATION DES BANQUES Des estimations à partir de sondages réalisés à la sortie des urnes devraient être publiées dès la fin du vote à 23h00. Environ une demi-heure plus tard seront annoncées de premières projections basées sur des décomptes effectifs des voix. Si la tendance est évidente, le résultat pourrait ne plus faire de doute à l'issue de la deuxième projection attendue entre minuit et 01h00. Sinon, il faudra attendre le décompte final, probablement entre 02h00 et 03h00. Alors que, pour des raisons diverses, tous les partis d'opposition font campagne pour le "non", une victoire de Matteo Renzi constituerait une surprise et représenterait une grande victoire personnelle pour le président du Conseil, qui a souvent paru bien seul à défendre sa réforme. La publication des sondages est interdite depuis deux semaines mais ils donnaient auparavant le "non" vainqueur et l'impression générale en Italie est que la tendance ne s'est pas inversée depuis. Menant une campagne effrénée, Matteo Renzi veut croire le contraire et il s'est efforcé jusqu'au bout de convaincre les millions d'Italiens indécis. En cas de défaite, l'ancien maire de Florence devrait démissionner malgré les appels de certains de ses alliés de centre-gauche l'exhortant à rester au pouvoir quel que soit le résultat de cette consultation. Matteo Renzi a assuré qu'il ne jouerait aucun rôle dans un éventuel gouvernement "technique" que le président de la République Sergio Mattarella pourrait tenter de mettre en place afin d'éviter des élections anticipées. Les incertitudes politiques consécutives à une victoire du "non" fragiliseraient un peu plus les banques italiennes, au premier rang desquelles Banca Monte dei Paschi di Siena, en dissuadant les investisseurs de leur apporter les fonds nécessaires pour supporter le lourd fardeau de leurs créances douteuses. (Avec Gabriele Pileri; Bertrand Boucey et Eric Faye pour le service français)