La liste noire de médias de Bernard Arnault dénoncée par des dizaines de sociétés de journalistes

Le patron de LVMH a exigé des cadres du groupe qu’ils refusent toute interview avec plusieurs médias, dont « La Lettre », « Glitz.paris » et « Mediapart ».

Bernard Arnault, ici aux côtés d’Anne Dewavrin, au moins de juin 2024 à Paris.
Antoine Gyori - Corbis / Corbis via Getty Images Bernard Arnault, ici aux côtés d’Anne Dewavrin, au moins de juin 2024 à Paris.

MÉDIAS - « La mission de la presse n’est pas de relayer la communication officielle des entreprises et institutions. » Ce lundi, une quarantaine de Sociétés des journalistes s’expriment pour protester contre l’établissement attribué au milliardaire Bernard Arnault d’une liste noire de médias sur laquelle figure par exemple Médiapart.

Propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH (Dior, Louis Vuitton, Sephora, Kenzo, Fenty etc...) mais aussi d’un certain nombre de titres de presse parmi lesquels le groupe Les Echos-Le Parisien, Bernard Arnault a formulé aux cadres du groupe une « interdiction absolue de parler » à sept médias. C’est ce qu’a affirmé l’un d’eux, La Lettre, le 18 septembre, en reproduisant un courriel attribué au PDG. Outre La Lettre, les médias concernés sont Glitz.paris (qui appartient au même groupe, Indigo Publications), Miss Tweed, L’Informé, Puck (un site américain), Mediapart et Le Canard enchaîné.

Suite à ces affirmations, que LVMH n’a pas démenties, une quarantaine de Sociétés des journalistes (SDJ) ou de rédactions expriment « leur solidarité avec les rédactions des médias visés », dans un texte publié en ligne.

Parmi les signataires figurent les SDJ ou les rédactions du Monde, de Libération, du Figaro, la rédaction nationale de France télévisions, de TF1, de Radio France ou de l’AFP, ainsi que celles de trois médias concernés, L’Informé, Mediapart et Miss Tweed, mais aussi celles des Echos et du Parisien.

Ces SDJ « rappellent fermement que la mission de la presse n’est pas de relayer la communication officielle des entreprises et institutions, mais d’informer, et que cela constitue un des piliers de la démocratie ».

Elles jugent une telle interdiction « illégale en ce qu’elle tente de faire échec aux dispositions protectrices des lanceurs d’alerte » au sein des entreprises. Dans un média, la SDJ est une association dont les membres sont élus par leurs pairs et qui a pour rôle de veiller aux questions de déontologie et d’indépendance.

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