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Paris et Ryad évoquent l'Iran via le nucléaire et le Yémen

Le roi Salman d'Arabie saoudite accueille François Hollande à Ryad. La France et l'Arabie saoudite estiment que la conclusion d'un accord sur le nucléaire iranien entre Téhéran et les six grandes puissances ne doit pas déstabiliser plus avant la région du Golfe et menacer les voisins de l'Iran. /Photo prise le 4 mai 2015/REUTERS/Christophe Ena/Pool

par John Irish RYAD (Reuters) - La conclusion d'un accord sur le nucléaire iranien ne doit pas déstabiliser davantage la région arabo-persique et menacer les voisins de l'Iran, ont déclaré l'Arabie saoudite et la France avant un sommet prévu mardi à Ryad. Ce sommet informel du Conseil de coopération du Golfe (CCG), auquel François Hollande participera en tant qu'invité d'honneur - une première pour un dirigeant occidental - survient à l'heure où les pays de la région redoutent des bouleversements en cas de rapprochement entre l'Occident et l'Iran chiite. Paris est considéré comme ayant une position dure dans les négociations sur le programme nucléaire iranien entre Téhéran et les six grandes puissances. La France et l'Arabie saoudite ont "une convergence de vue sur les défis auxquels la région est confrontée aujourd'hui avec la Syrie, le Yémen, l'Irak, le terrorisme et évidemment le programme nucléaire iranien", a dit mardi à Reuters le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al Jubeir. Sur le dossier iranien, "il est vrai que la France a une position qui est jugée crédible ici" (en Arabie saoudite), a dit son homologue français, Laurent Fabius, à des journalistes. Dans une déclaration conjointe publiée lundi soir après leurs discussions, le président français et le roi Salman d'Arabie saoudite ont confirmé la nécessité de parvenir avant le 30 juin "à un accord robuste, durable, vérifiable, incontestable et contraignant pour l'Iran". "Cet accord, souligne la déclaration commune, ne doit pas porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de la région, ni menacer celle des voisins de l'Iran." François Hollande a vu le roi Salman pendant une heure après un dîner à son palais personnel. Les deux hommes ont notamment discuté du rôle de l'Iran au Yémen, où Ryad intervient face à l'avancée des rebelles houthis chiites via des frappes aériennes menée par une coalition de pays, et en Syrie. Ils ont réaffirmé qu'il n'y avait pas d'avenir pour une Syrie avec le président Bachar al Assad. CRAINTE RÉELLE Ces discussions bilatérales seront élargies aux dirigeants des six pays arabes faisant partie du CCG mardi. "Ils ont une crainte réelle qu'une fois les sanctions levées, l'Iran ne soit à même de financer tous ses intermédiaires dans la région", commente un diplomate français. François Hollande a également rencontré lundi le président yéménite, Abd Rabbou Mansour Hadi, qui s'est réfugié en Arabie saoudite face à l'avancée des Houthis vers le sud du pays. La visite du président français à Ryad a pu se faire parce que Paris a noué de nouvelles relations avec la région au moment de ce qui a été perçu comme un désengagement des Etats-Unis, l'allié traditionnel, estime un diplomate français. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a changé son emploi du temps à la dernière minute pour être en mesure d'être à Ryad mercredi. Il cherche à organiser un sommet pour le 13 mai entre le président Barack Obama et les dirigeants des Etats du Golfe à Camp David, résidence des présidents américains. Les Etats-Unis disent qu'ils souhaitent le meilleur accord possible avec l'Iran et estiment que la ligne exprimée par Paris en privé n'est pas aussi dure que celle exprimée publiquement. Le renforcement de la position commerciale de la France dans la région a été illustré par la signature lundi à Doha d'un contrat de 6,3 milliards d'euros portant sur la vente de 24 avions de combats Rafale au Qatar. Paris est également en discussion avec les Emirats arabes unis pour la vente de 60 appareils. (Edité par Yves Clarisse)