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L'Iran tire encore des missiles et dit vouloir viser Israël

par Sam Wilkin et Bozorgmehr Sharafedin DUBAI (Reuters) - Les Gardiens de la révolution, unité d'élite de l'armée iranienne, ont procédé mercredi à deux nouveaux tirs de missiles balistiques conçus, ont-ils précisé, pour pouvoir atteindre Israël, ignorant les critiques des Etats-Unis à propos d'essais similaires menés la veille. La télévision publique a diffusé les images de deux missiles Qadr en train d'être lancés d'un site situé dans le nord de l'Iran. Ils ont atteint des cibles dans le sud du pays, à environ 1.400 km de distance. Après les tests effectués mardi, les Etats-Unis ont menacé l'Iran de nouvelles sanctions. "La raison pour laquelle nous construisons nos missiles avec une portée de 2.000 km est d'être en mesure d'atteindre notre ennemi, le régime sioniste, en profitant d'une distance de sécurité", a déclaré le général Amir Ali Hajizadeh, commandant de la division aérospatiale des Gardiens (pasdarans), cité par l'agence de presse Isna. Le point le plus près de Jérusalem et de Tel Aviv en Iran est à 1.000 km environ. Les missiles lancés mercredi portaient l'inscription en hébreu "Israël devrait être rayé des pages de l'Histoire", disent les agences de presse iraniennes. Cette inscription n'était toutefois visible sur aucune des photos disponibles. En Israël, le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, a déclaré à la radio que ces tirs de missiles montraient que l'Iran n'avait pas changé et restait un pays hostile malgré la mise en oeuvre de l'accord encadrant ses activités nucléaires et les gestes d'ouverture vers l'Occident du président Hassan Rohani. WASHINGTON S'ATTEND À DE NOUVEAUX TIRS "A mon grand regret, il y en a certains en Occident qui sont induits en erreur par les belles paroles de certains dirigeants iraniens tandis que les autres continuent à fournir du matériel et des armes aux groupes terroristes armés", a déclaré Moshe Yaalon. Washington a annoncé que le secrétaire d'Etat, John Kerry, avait eu un entretien téléphonique mercredi avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, à propos de ces tirs de missiles balistiques et lui avait fait part de ses inquiétudes. La Maison blanche a fait savoir que le gouvernement américain allait déterminer quelle réponse adéquate apporter aux initiatives iraniennes. "Nous allons continuer à redoubler d'efforts avec nos alliés et nos partenaires dans la région pour tenter de limiter la capacité de l'Iran à poursuivre son programme de missiles", a dit Josh Earnest, porte-parole de la présidence. Les Etats-Unis, a-t-il poursuivi, ne seront pas surpris si de nouveaux tirs sont annoncés par Téhéran dans les jours qui viennent. Candidate à l'investiture démocrate pour la présidentielle de novembre, l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton a souhaité que des sanctions soient prises contre la République islamique en raison de "ses activités qui visent à déstabiliser la région". "Les menaces iraniennes contre Israël ne peuvent être tolérées", a-t-elle dit. LE STOCK LE PLUS IMPORTANT DE LA RÉGION Les pasdarans entretiennent des dizaines de missiles balistiques à courte et moyenne portée, soit le stock le plus important de la région. Ils affirment qu'ils ne sont qu'à usage défensif avec des ogives conventionnelles, non nucléaires. Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils porteraient la question des essais de mardi devant le Conseil de sécurité de l'Onu, dont la résolution 2231 de juillet 2015 sur le nucléaire iranien appelle la République islamique à ne pas développer de missiles capables de transporter des têtes nucléaires. Il y a deux mois, Washington a imposé des sanctions contre des entreprises et des personnes associées à ce programme balistique de l'Iran, après l'essai d'un engin à moyenne portée de type Emad en octobre 2015. Mais les pasdarans ont dit qu'ils ne plieraient pas. "Plus nos ennemis font pression et sanctionnent (...), plus nous développerons notre programme de missiles", a déclaré le général Hajizadeh. Ces tests de missiles soulignent la bataille qui se joue en Iran entre les partisans d'une ligne dure opposés à la normalisation des relations avec l'Occident et le gouvernement du président Rohani relativement modéré qui souhaite attirer des investissements étrangers dans son pays. La popularité du président est en forte hausse depuis la levée des sanctions en janvier. Les dernières élections législatives et à l'Assemblée des experts, l'organe chargé de désigner le Guide suprême, ont confirmé la progression des modérés. (Avec Dan Williams à Jérusalem, Andrea Shalal, Timothy Gardner, Megan Cassella, Eric Beech et Susan Heavey à Washington; Pierre Sérisier, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)