"L'Iran en paiera le prix": à quelle riposte s'attendre de la part d'Israël après les tirs de missiles de Téhéran?

Depuis mi-septembre, Israël bombarde sans relâche le Liban et plusieurs pays du Moyen-Orient, disant cibler des groupes terroristes. Ce mardi 1er octobre, l'Iran a lancé une attaque de missiles contre l'État hébreu en réponse aux assassinats des chefs du Hamas à Téhéran en juillet et du Hezbollah dans le sud du Beyrouth ce vendredi.

Malgré les appels à la désescalade de l'ensemble de la communauté internationale, la fermeté du gouvernement de Benjamin Netanyahu depuis des mois et ces tirs iraniens ce mardi semblent avoir plongé le Moyen-Orient dans une nouvelle phase du conflit.

"L'État d'Israël va réagir"

"Celui qui nous attaque, nous l'attaquons", a d'ailleurs promis le Premier ministre israélien dans une allocution ce mardi 1er octobre, disant que l'Iran a "commis une grave erreur et en payera le prix".

Mais à quoi peut ressembler une riposte de l'armée israélienne contre l'Iran? Dans la soirée, le président américain Joe Biden a indiqué que des discussions sont "en cours" avec l'État hébreu pour préparer une réponse.

"L'État d'Israël va réagir", promet sur BFMTV le porte-parole de l'armée israélienne Olivier Rafowicz. "La réponse c'est le gouvernement israélien, à l'heure où il le souhaite et de la manière dont il le souhaite", dit-il.

"Cette attaque aura des conséquences. Nous avons des plans et nous agirons à l'endroit et au moment que nous aurons décidés", a martelé le contre-amiral Daniel Hagari.

Sites nucléaires, ports... Vers des cibles stratégiques?

"Il est inimaginable qu'Israël ne réplique pas plus fortement", confirme pour sa part, toujours à notre antenne, Frederic Encel, professeur de géopolitique à Sciences Po et à Paris School of Business, qui évoque des "sites nucléaires" qui pourraient être visés avec "l'accord américain."

"Il y a les zones portuaires iraniennes qui constituent le poumon de ce régime qui est déjà largement asphyxié économiquement par les sanctions internationales en place depuis 2007. Si l'Iran est frappé sur ses zones portuaires, il ne pourra plus ou beaucoup moins exporter vers la Chine, une de ses dernières bouées d’oxygène", explique-t-il.

"Ils vont faire mal là où ça fait mal", insiste pour sa part le consultant défense de BFMTV, le général Jérôme Pellistrandi. Ce dernier ajoute que, à la différence de l'État hébreu, l'Iran ne dispose pas de "Dôme de fer" pour protéger son territoire "beaucoup plus grand qu'Israël." La riposte pourrait alors être dévastatrice pour Téhéran, "c'est dans la logique de cette escalade."

"Les cibles sont répertoriées grâce à l’appui des Américains. Mais monter un raid aérien veut dire du ravitaillement en vol et survoler des espaces aériens des pays entre. Il y a la Jordanie, c'est négociable, l'Irak, l’Arabie saoudite qui à mon avis fermera les yeux", ajoute-t-il.

En ce qui concerne la temporalité de cette riposte, le général de l'armée de l'air Patrick Dutartre l'assure, "vous ne montez pas un raid aérien en deux minutes même s’il est prêt." "La contre riposte prend un certain temps, même si ça peut aller vite", nuance-t-il.

L'armée israélienne a en outre annoncé dans la nuit de mardi à mercredi qu'elle "va continuer de frapper" au Moyen-Orient "avec force", "cette nuit".

Une riposte coordonnée par les Américains?

Ce mardi 1er octobre, les États-Unis ont indiqué, par la voix du porte-parole du Département d'État, qu'ils coordonneront avec Israël la réponse contre la République islamique. "Nous voulons avoir des conversations avec nos homologues israéliens dans les jours à venir", a déclaré Matthew Miller au micro de CNN.

"Nous avions clairement indiqué qu'il devait y avoir des conséquences. Je ne vais pas m'étendre dessus aujourd'hui, mais ce sont des choses sur lesquelles nous nous coordonnerons avec nos homologues israéliens", a-t-il martelé.

Mais Israël acceptera-t-il d'obéir aux Américains, alors que Benjamin Netanyahu refuse de signer un accord pour un cessez-le-feu à Gaza comme le réclame Joe Biden depuis des mois? Ce lundi, le président américain se prononçait contre des opérations au sol au Liban. Comme un affront, les chars de l'armée israélienne sont entrés quelques heures plus tard dans le sud du pays.

"Israël répondra à l'attaque iranienne avec sévérité et protégera ses citoyens", ont indiqué les ambassadeurs de l'État hébreu à plusieurs chefs d'Etats ces dernières heures, rapportent nos confrères de Axios.

Au risque de plonger le Moyen-Orient dans une crise sans précédent. "En cas d'intervention directe de la part des pays soutenant le régime dans l'agression et l'attaque contre l'Iran, leurs centres et intérêts dans la région seront également confrontés à une puissante attaque" de l'Iran, a annoncé l'état-major des forces armées iraniennes, dans un communiqué cité par l'agence locale Fars.

Ce n'est pas la première fois que l'Iran envoie des missiles contre Israël. En avril, Téhéran avait envoyé 350 drones, explosifs et missiles contre l'État hébreu. Comme ce mardi, la plupart avait été interceptés par Israël avec l'aide de pays étrangers, en particulier les États-Unis.

Article original publié sur BFMTV.com