L'Iran menace de bloquer les inspections de l'AIEA le mois prochain
DUBAI/PARIS (Reuters) - L'Iran a menacé de bloquer le mois prochain les inspections par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de ses installations nucléaires tout en exhortant la nouvelle administration américaine à lever les sanctions économiques à son encontre.
L'ancien président américain, Donald Trump, a dénoncé en 2018 l'accord sur le nucléaire iranien conclu par Téhéran avec les puissances mondiales en 2015 et a rétabli par la suite les sanctions contre le pays.
Le nouveau président américain, Joe Biden, investi la semaine dernière, a promis de ramener son pays dans l'accord de Vienne si Téhéran se conforme strictement aux dispositions du JCPoA (ou PAGC, Plan d'action global commun), qui donne aux inspecteurs un large accès aux informations sur les activités nucléaires de l'Iran, notamment la possibilité d'inspecter tout site jugé suspect.
Soucieux de maintenir la pression sur Washington, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiei, a déclaré que les premières mesures pour restreindre les inspections de l'AIEA commenceraient dans la première semaine du mois iranien d'Esfand, qui débute le 19 février.
"Notre loi est très claire sur cette question", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse télévisée.
Le Parlement iranien a adopté en décembre un projet de loi invitant le gouvernement iranien à s'affranchir des dispositions de l'accord international sur son programme nucléaire si les sanctions ne sont pas levées dans les deux mois.
L'Iran a cependant déclaré à plusieurs reprises que cette loi pouvait être abrogée rapidement en cas de suspension des sanctions américaines.
Le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a réaffirmé cette position lors d'une conférence de presse donnée mardi à Moscou.
PARIS DEMANDE À TÉHÉRAN DE CESSER SES PROVOCATIONS
L'Iran a décidé ce mois-ci de reprendre l'enrichissement de l'uranium à 20%, un niveau atteint avant l'accord de Vienne et bien supérieur à celui autorisé par le pacte JCPoA.
"Bien sûr, Washington n'aura pas tout le temps du monde (...) la fenêtre d'opportunité est très limitée", a prévenu Ali Rabiei, en référence à la levée des sanctions.
Un responsable de l'Elysée a quant à lui déclaré que l'Iran devait mettre fin à ses provocations et revenir aux termes de l'accord de 2015 s'il souhaite que les Etats-Unis réintégrent cet accord.
"S'ils sont sérieux sur les négociations et s'ils veulent obtenir un réengagement de l'ensemble des parties prenantes au JCPOA, d'abord il faut qu'il s'abstiennent d'autres provocations et deuxièmement qu'ils respectent ce qu'ils ne respectent plus, c'est-à-dire leurs obligations", a-t-il dit à la presse, sous couvert d'anonymat.
Il a ajouté que les problèmes avec l'Iran allaient au-delà de l'accord sur le nucléaire et qu'une négociation plus large sur ses activités dans la région doit avoir lieu.
Emmanuel Macron s'est entretenu le week-end dernier avec Joe Biden sur plusieurs dossiers, notamment l'Iran.
Sur Twitter, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamad Javad Zarif, a promptement réagi mardi.
"Pourquoi diable l'Iran - un pays qui est resté ferme et a vaincu 4 ans d'un terrorisme américain brutal imposé en violation du JCPOA et de la résolution du Conseil de sécurité - devrait être le premier à faire un geste de bonne volonté ?", a réagi sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamad Javad Zarif.
"Ce sont les Etats-Unis qui ont brisé l'accord - sans raison. Ils doivent réparer leurs torts. Ensuite, l'Iran répondra", a-t-il ajouté.
(Polina Devitt à Moscou et John Irish à Paris ; rédigé par Parisa Hafezi; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)