L'Iran maintient son programme de missiles
par Parisa Hafezi ANKARA (Reuters) - L'Iran n'arrêtera sous aucune condition son programme de développement de missiles balistiques, a déclaré le général Amir Ali Hajizadeh, commandant de la division aérospatiale des Gardiens de la révolution (pasdarans), cité jeudi par la télévision d'Etat. "Le programme de missiles iranien ne s'arrêtera pas quelles que soient les circonstances", a dit Amir Ali Hajizadeh mercredi soir. "Le corps des Gardiens de la révolution n'a jamais accepté les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies concernant ses travaux sur les missiles." "Nous sommes toujours prêts à défendre le pays contre tout agresseur (...). L'Iran ne deviendra pas le Yémen, ni l'Irak ni la Syrie", a-t-il ajouté. Les Gardiens de la révolution, unité d'élite de l'armée iranienne, ont annoncé avoir procédé mardi et mercredi à des tirs de missiles balistiques conçus, ont-ils précisé, pour pouvoir atteindre Israël. Selon la télévision iranienne, ces tests se sont achevés mercredi soir. Après les tests effectués mardi, les Etats-Unis ont menacé l'Iran de nouvelles sanctions. Cité lui aussi par la télévision nationale, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossein Jaberi-Ansari, a assuré que les tirs de missiles ne constituaient pas une violation de l'accord de juillet 2015 sur ses activités nucléaires. "Le programme de missiles de l'Iran et ses essais de missiles au cours des derniers jours durant des manoeuvres militaires ne sont pas contraires à ses engagements nucléaires et à l'accord nucléaire conclu avec les six grandes puissances", a-t-il dit. UNE TONNE DE TNT Les tirs de missiles visaient, selon le général Hajizadeh, à déployer la "puissance dissuasive (de l'Iran) et sa capacité à affronter n'importe quelle menace". "Les missiles ont été tirés du nord de l'Iran et ont frappé des cibles dans le sud-est du pays", a-t-il précisé. "Certains missiles transportaient 24 ogives et une tonne de TNT." L'Iran affirme que son programme de missiles est à visée purement défensive. Le général Hajizadeh a déclaré que l'Iran n'avait pas l'intention de déclencher une guerre, mais "le régime sioniste (Israël) est notre ennemi et nous ne faisons pas confiance aux responsables américains". "Nous avons des tunnels souterrains dans tout le pays et sous les montagnes, où nous entreposons nos missiles (...). Ces tunnels ne peuvent pas être détruits, même par des bombes atomiques", a-t-il affirmé. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu mercredi avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et lui a fait part de ses inquiétudes, a déclaré le département d'Etat. Mais l'agence iranienne Isna a déclaré que les deux hommes n'avaient pas discuté de la question. "John Kerry a adressé des emails à Zarif pour lui demander de s'entretenir de plusieurs questions au téléphone, dont la question des tirs de missiles, mais cela ne s'est pas produit car Zarif est en visite officielle", a expliqué une source à l'agence. Les Etats-Unis ont déclaré qu'ils porteraient la question des essais de mardi devant le Conseil de sécurité de l'Onu, dont la résolution 2231 de juillet 2015 sur le nucléaire iranien appelle la République islamique à ne pas développer de missiles capables de transporter des têtes nucléaires. Il y a deux mois, Washington a imposé des sanctions contre des entreprises et des personnes associées à ce programme balistique de l'Iran, après l'essai d'un engin à moyenne portée de type Emad en octobre 2015. (Parisa Hafezi; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)