L'Iran juge que les paroles de Trump contredisent ses actes

LONDRES (Reuters) - La proposition de Donald Trump de discuter avec les dirigeants iraniens est en contradiction avec la politique menée par son administration qui a rétabli des sanctions contre l'Iran et fait pression sur les autres pays pour qu'ils cessent leurs activités commerciales avec la république islamique, estime un responsable iranien.

"Les sanctions et les pressions sont l'exact contraire du dialogue", a déclaré Bahram Qasemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères cité par l'agence de presse Fars, mardi.

"Comment Trump peut-il démontrer à la nation iranienne que ses propos de la nuit dernière reflètent une véritable intention de négociation et qu'ils ne sont pas motivés par des visées populistes ?" s'est interrogé le porte-parole.

Plus tôt dans la journée de mardi, le vice-président du Parlement iranien, Ali Motahari, avait estimé que ce n'était pas le moment pour l'Iran de négocier avec les Américains.

"Si Trump ne s'était pas retiré de l'accord sur le nucléaire et s'il n'avait pas imposé de sanctions contre l'Iran, négocier avec l'Amérique ne poserait aucun problème. Mais négocier à présent avec les Américains serait humiliant", a-t-il dit.

A l'issue d'une rencontre avec le président du Conseil italien Giuseppe Conte à la Maison blanche, le président américain avait annoncé qu'il était prêt à tout moment à discuter avec les dirigeants iraniens pour trouver le moyen d'améliorer les relations entre Washington et Téhéran.

Donald Trump affirmait qu'il était prêt à ce dialogue sans conditions préalable.

Dès lundi soir, un conseiller du président iranien Hassan Rohani avait répondu à Trump en lui suggérant de commencer par respecter les accords signés par les Etats-Unis.

Le président américain a annoncé début mai qu'il retirait les Etats-Unis de l'accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien.

Le texte négocié par l'Iran et les puissances du P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne + Allemagne) limite les activités nucléaires iraniennes en échange d'un allègement des sanctions économiques adoptées contre la république islamique.

Les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques avec l'Iran depuis 1979 et la révolution islamique qui s'était traduite par la crise des otages américains en Iran.

Pendant 444 jours, cinquante-deux diplomates et civils avait été retenus en otages par des étudiants iraniens dans l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran.

(Bozorgmehr Sharadefin; Pierre Sérisier pour le service français)