L'Iran dément que Khamenei ait répondu à une lettre d'Obama

ANKARA (Reuters) - L'Iran a démenti les informations du Wall Street Journal d'après lesquelles le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a répondu récemment à une lettre envoyée en octobre par Barack Obama, qui avait laissé penser qu'une certaine forme de coopération se mettait en place entre l'Irak et Washington dans la lutte contre l'Etat islamique. "Il n'y a pas eu de lettre du côté iranien", a assuré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, citée dimanche soir par l'agence de presse iranienne Irna. "Les affirmations du Wall Street Journal relèvent d'un jeu médiatique qui n'a rien de professionnel", a-t-elle ajouté. Le Wall Street Journal, qui citait un diplomate iranien, écrivait que la lettre d'Ali Khamenei était "respectueuse" mais restait évasive. Bien qu'ennemis depuis la révolution islamique de 1979, les Etats-Unis et l'Iran chiite ont l'un et l'autre intérêt à stopper la progression du groupe djihadiste sunnite Etat islamique (EI), qui menace la survie même de l'Etat irakien, lequel entretient d'étroites relations avec Téhéran. En Syrie, où l'Iran est alliée du régime de Bachar al Assad, ni Téhéran ni Washington ne souhaitent le triomphe des djihadistes de l'EI, qui en sont arrivés à dominer l'insurrection anti-Assad. Les autorités iraniennes ont reconnu en novembre que Téhéran avait répondu à de précédentes missives du président américain, même si elles n'ont pas clairement dit qui avait répondu. L'Iran est par ailleurs en négociations avec les puissances 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne) à propos de son programme nucléaire, avec comme date butoir le 30 juin pour conclure un accord définitif. Dans ce contexte, les autorités iraniennes ont fermé un hebdomadaire conservateur, Noh-e Day, jugé trop critique envers les négociations sur le programme nucléaire. Ce périodique, dirigé par un député de la frange "dure" du régime, Hamid Rassai, a reproché à plusieurs reprises au gouvernement du président Hassan Rohani de "faire trop de concessions" lors des négociations. "L'observatoire des médias iraniens a interdit l'hebdomadaire Noh-e Day pour la publication d'articles en contradiction avec la politique nucléaire du pays", écrit lundi l'agence de presse iranienne Isna. (Parisa Hafezi, Eric Faye pour le service français)