L'Iran demande à Paris de ne pas s'ingérer dans son programme balistique

La France n'a pas à s'ingérer dans le programme balistique iranien, a déclaré samedi le principal conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, au lendemain des propos d'Emmanuel Macron appelant l'Iran à clarifier sa stratégie en la matière. /Photo d'archives/REUTERS/Leonhard Foeger

BEYROUTH (Reuters) - La France n'a pas à s'ingérer dans le programme balistique iranien, a déclaré samedi le principal conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, au lendemain des propos d'Emmanuel Macron appelant l'Iran à clarifier sa stratégie en la matière.

"Il n'est pas dans l'intérêt de M. Macron ni de la France de s'ingérer dans les affaires de la République islamique, ce à quoi nous sommes très sensibles", a déclaré Ali Akbar Velayati, cité par la presse publique iranienne.

"Qu'est-ce que cette affaire a à voir avec M. Macron ? Qui est-il pour s'en mêler ? S'il souhaite que les relations entre l'Iran et la France se développent, il doit s'efforcer de ne pas s'ingérer dans ces affaires", a-t-il poursuivi.

En marge d'un sommet social européen en Suède, le chef de l'Etat français a invité Téhéran à adopter une position "moins agressive" au Proche-Orient et à clarifier sa stratégie balistique qu'il a jugée "non maîtrisée".

La semaine dernière, en voyage aux Emirats arabes unis, Emmanuel Macron avait jugé nécessaire d'encadrer l'activité balistique iranienne et "d'ouvrir un processus, avec des sanctions si besoin était, de négociation qui permettra d'encadrer cette dernière".

Téhéran assure que son programme balistique n'a qu'une vocation défensive et qu'il n'est pas concerné par l'accord sur son programme nucléaire, conclu en juillet 2015 après d'âpres négociations et fragilisé depuis par la décision du président américain Donald Trump de ne pas le "certifier".

L'Iran s'est également irrité ces derniers jours de la préoccupation exprimée jeudi par le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian face à la "tentation hégémonique" présumée de Téhéran dans la région, sur fond de lutte d'influence au Liban entre Ryad et la République islamique.

Interrogée samedi sur les dernières déclarations iraniennes, la présidence française a appelé à "rester serein" et à ne "pas céder à la fébrilité", assurant que "les contacts se poursuivaient avec l'Iran".

Le déplacement de Jean-Yves Le Drian à Téhéran, prévu pour se tenir d'ici la fin de l'année, n'est pas remis en cause, a-t-on ajouté.

(Babak Dehghanpisheh, avec Marine Pennetier à Paris, Jean-Philippe Lefief pour le service français)